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Grand entretien Pourquoi la #MontéeDesEaux ne décourage-t-elle pas de vivre au bord de la mer ?

Article rédigé par Thomas Baïetto - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 20min
Un couple regarde l'océan, le 15 janvier 2021 à Biscarrosse (Landes). (PIERRE MOREL / FRANCEINFO)

Professeur d'économie écologique, Jean-Paul Vanderlinden a beaucoup travaillé sur l'adaptation des zones côtières face aux risques liés au changement climatique. Comme il l'explique dans cette interview, les habitants du littoral font parfois "abstraction" des "discours menaçants". 

La montée des eaux n'est pas qu'une affaire de physique ou de mécanique des fluides. Cette question, que nos sociétés vont devoir de plus en plus affronter à mesure que les effets du réchauffement climatique s'accentueront, est aussi sociale, économique et politique. Pourquoi veut-on à tout prix vivre dans des endroits menacés par la mer ? Comment éviter que l'adaptation à ce nouveau risque n'exacerbe les inégalités sociales ? Quelles solutions pour rendre nos sociétés moins vulnérables face à cette menace ?

>> Cet article fait partie de l'opération spéciale #MontéeDesEaux lancée par franceinfo à l'occasion de la COP26

Pour explorer ces questions et contextualiser les reportages de notre projet #MontéeDesEaux, franceinfo.fr s'est entretenu avec Jean-Paul Vanderlinden, professeur d'économie écologique à l'université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Ce chercheur en sciences sociales s'est beaucoup intéressé à l'adaptation au changement climatique dans les zones côtières.

Franceinfo : Pourquoi le littoral fait-il partie des zones les plus exposées au risque climatique ?

Jean-Paul Vanderlinden : Ce qui vient immédiatement à l'esprit, c'est l'élévation du niveau marin. Sous l'effet combiné de la fonte des calottes glaciaires terrestres et de la dilatation thermique des océans, il y a une élévation nette des océans [selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, le niveau marin grimpera en moyenne d'un mètre d'ici 2100 si nos émissions de gaz à effet de serre se poursuivent à ce rythme]. Il y a aussi le fait que les côtes sont exposées à des tempêtes importantes et ces tempêtes provoquent une surélévation du niveau marin temporaire, qui est beaucoup plus dangereuse que l'élévation nette. Enfin, les zones côtières sont exposées à l'action mécanique des vagues. Qui dit tempêtes plus violentes, dit vagues plus violentes et donc dit érosion plus importante.

Comment ce risque est-il perçu par les habitants ?

C'est très compliqué parce qu'il y a une histoire d'œuf et de poule. Il y a ce que pensent les gens et ce qu'on leur dit. La première chose, c'est que les gens voient cela comme un risque, mais un risque un peu unidimensionnel, un risque d'exposition. Ils se rendent compte qu'ils sont plus exposés. Cette pensée en termes d'exposition réduit un peu le champ des possibles et confisque une partie des options politiques.

Un épis, ouvrage de défense rigide contre la mer, sur l'île d'Oléron, en novembre 2020. (PIERRE MOREL / FRANCEINFO)

C'est une des choses mal pensées aujourd'hui. Lorsqu'on pense à une inondation, on ne pense pas à notre degré de fragilité ou à celui de notre logement, de nos infrastructures, de notre route... Alors que pour une même élévation, pour une même tempête, il peut y avoir des impacts bien moindres ou beaucoup plus grands en fonction de notre vulnérabilité. Aujourd'hui, les gens pensent beaucoup en termes d'exposition, donc en termes de protection rigide pour que l'eau ne vienne pas ou de déplacement pour se mettre hors du chemin de l'eau. Mais il y a d'autres moyens de faire face.

Sur ce sujet, comme sur d'autres sujets liés aux risques environnementaux, nous avons tendance à penser que si les gens vivent dans des endroits dangereux, c'est parce qu'ils ne sont pas forcément bien informés des risques encourus. Une des mesures à laquelle réfléchit le gouvernement par rapport au recul du trait de côte est d'ailleurs de rendre obligatoire l'information des acquéreurs ou des locataires sur le littoral. Ce manque de connaissances se vérifie-t-il sur le terrain ?

Quand nous allons sur le terrain, ce que les gens ont à dire de la situation de risque est le produit d'un arbitrage entre ce qu'ils connaissent, bien sûr, et entre ce qu'ils trouvent important d'un point de vue moral. Par exemple, un retraité peut estimer qu'il a le droit, au vu du temps qu'il a investi dans son travail toute sa vie, de vivre au bord de la mer et d'y amener ses petits-enfants. Ici, une question morale – ce qui est bien, ce qui est mal – vient se mélanger à la connaissance du risque.

Il y a également des questions d'ordre matériel auxquelles les gens font face : sont-ils pauvres ou riches ? Ont-ils du temps, peu de temps ? Ont-ils des maisons en bon état ou en mauvais état ? Ce que l'on constate souvent sur le terrain, c'est qu'un discours qui est associé à une situation d'injustice est un discours inaudible. 

"Si vous dites à des gens qui ont économisé toute leur vie pour s'installer au bord de la mer qu'ils vont devoir déplacer leur maison, ils peuvent avoir un sentiment d'injustice, qui effacera l'information sur la montée des eaux."

Jean-Paul Vanderlinden

à franceinfo

Ce n'est pas un mécanisme nécessairement conscient. On l'observe de façon répétée. S'il y a sentiment d'injustice, un supplément de connaissances n'aide pas nécessairement. Si cette information menace les conditions matérielles de l'existence, notre revenu ou notre capacité à nous nourrir, souvent, les gens vont faire abstraction de ce discours menaçant. Pour nous, vous qui êtes journalistes et moi qui suis chercheur, c'est très contre-intuitif. On a l'impression que ce que nous faisons est justement de permettre l'action par l'information. En fait, il faut plus que cela.

Que faut-il de plus ?

Il faut permettre à l'information contradictoire de se déployer sans jugement. Il faut permettre aux gens comme moi de passer l'information, d'écouter aussi des discours qui diraient le contraire et d'engager une conversation. On appelle ça une "éthique de la délibération" et c'est par cet échange que l'action naît, pas simplement par le transfert à sens unique de connaissances. Il faut que mon discours de connaissance ne disqualifie pas ce qui est important pour eux.

"Personne n'a envie de se noyer. Et pourtant, des gens se surexposent en zone d'inondation. Il y a là une vraie conversation qui doit exister. Pas une leçon ou une injonction, mais une conversation où il faut réconcilier le désir de ne pas se noyer avec la matérialité de l'existence et nos valeurs."

Jean-Paul Vanderlinden

à franceinfo

Est-ce que vous avez pu voir des exemples de cet échange horizontal qui permet de faire progresser la question ?

Prenons les nouveaux cadres de gestion du risque côtier en France. On y met l'accent sur la participation du public, les échanges entre niveaux administratifs et l'inclusion des victimes potentielles d'un aléa, à toutes les étapes de la pensée de la gestion du risque, dans des exercices, de la prospective... Vous parliez d'informations sur l'érosion lors d'une transaction financière, mais il y a plus simple : inviter les futurs acheteurs et leur dire "Pourquoi êtes-vous ici ? Qu'est-ce que vous voulez vraiment en vous installant ici ? Voici les contraintes qui existent réellement quant à votre lieu d'habitation".

Les maisons jumelles et le grand hôtel de la plage de Biscarrosse (Landes), le 15 janvier 2021. (PIERRE MOREL / FRANCEINFO)

Si je viens pour habiter un lieu et qu'on me dit "Vous savez, dans vingt ans peut être, ce ne sera plus là" et que je sais que moi-même, dans vingt ans peut être, je ne serai plus là, il y a une conversation qui peut exister de façon agréable et équilibrée. Si, par contre, on me dit simplement "Page 27 d'une convention d'achat d'un bien immobilier, ce bien est appelé à disparaître", c'est très différent. Il n'y a pas cet aspect du respect d'une discussion où chacun peut exprimer clairement ce dont il a besoin par rapport à une situation.

Quand nous nous sommes déplacés sur le terrain pour nos reportages, nous avons constaté que si les élus locaux étaient plutôt ouverts à un débat sur la question de relocaliser certaines habitations ou biens, du côté des habitants, ce n'était pas le cas. Le dialogue peut être tendu, avec des conséquences électorales à la clé. Que recommanderiez-vous à un élu qui serait confronté à cette situation ?

La première solution est d'ouvrir une conversation équilibrée avec la population. Il peut y avoir des déséquilibres dans les deux sens : l'élu est détenteur d'une autorité, mais la population in fine va choisir qui sera l'élu en face d'elle un jour. Nous sommes dans une situation où les rapports de force sont omniprésents, donc il faut peut-être passer par des équipes techniques ou des citoyens.

Un risque réel n'est jamais un sujet simple à aborder. C'est le risque de l'incertain et la valeur qui se rencontrent. L'incertain, on n'aime pas cela et perdre des objets de valeur, on n'aime pas cela ; donc ce n'est vraiment pas simple et ces débats, tendus, peuvent mener à une dispute. La question, c'est le respect mutuel, la capacité d'écouter et à ne pas considérer que des options s'imposent d'elles-mêmes. La relocalisation, c'est intéressant, mais c'est aussi quelque chose d'assez menaçant. Et effectivement, dans nos structures démocratiques, si vous envisagez quelque chose qui est fortement déplaisant et si vous l'envisagez un peu maladroitement, vous n'arrivez pas au prochain cycle électoral. Mais cela fait partie du débat.

Il y a autre chose qui est vraiment important. Je reviens à mon point de départ : penser le problème uniquement en termes "d'exposition", c'est-à-dire en termes de digues ou de délocalisation, un peu comme s'il y avait un interrupteur on/off entre deux choix, est quelque chose qui bloque la discussion. D'un côté, nous savons aujourd'hui que le trait de côte géré par la digue n'est pas une solution, que cela surexpose les gens qui sont derrière la digue. Un jour, elle sera dépassée, quoi qu'on fasse, et ce jour-là, des gens seront noyés. Et d'un autre côté, la délocalisation est extrêmement déplaisante. Quiconque est déplacé de force n'aime pas cela.

"Par contre, nous pouvons envisager beaucoup d'autres choses, comme un travail sur le bâti. Comment fait-on pour que le bâti soit le moins endommagé possible ? Comment fait-on pour qu'il y ait le moins de victimes possibles ?"

Jean-Paul Vanderlinden

à franceinfo

Après la vague de chaleur à Paris, en 2003, nous n'avons pas dit "Mettons tous les gens à la montagne" ou "Mettons une clim sur tout Paris". Non, nous avons mis en place des stratégies fines : de l'eau, de la protection, des systèmes d'alerte. Aujourd'hui, pour le trait de côte ou l'intrusion marine, il faut qu'on trouve des modalités créatives qui naissent de la discussion, de la délibération, pour qu'à la fois l'Etat puisse protéger ses populations et que les populations puissent bénéficier du lieu de vie qu'elles souhaitent.

Si tous les acteurs que nous avons rencontrés débattent des questions d'adaptation, personne ne se pose la question des mesures qui permettraient d'atténuer ce changement climatique et cette montée des eaux. Il y a une forme de fatalisme par rapport à la situation. Est-ce quelque chose que vous avez également pu constater ?

J'appartiens à une génération où l'adaptation était conçue comme un échec. Nous pensions que l'atténuation du réchauffement climatique ferait l'affaire. Aujourd'hui, nous ne sommes plus dans ce discours-là. Nous cherchons plutôt des mesures d'adaptation qui peuvent permettre de baisser nos émissions de gaz à effet de serre et des mesures d'atténuation qui peuvent nous aider à nous adapter. Le vélo est un exemple métaphorique intéressant. Il me met en meilleure santé, j'ai donc une capacité adaptative plus grande et, en même temps, j'atténue mes émissions de gaz à effet de serre.

La ville d'Etretat et ses célèbres falaises, en janvier 2021. (PIERRE MOREL / FRANCEINFO)

Il faut arriver à trouver des stratégies où adaptation et atténuation vont main dans la main. Ce sont par exemple les solutions basées sur la nature pour la gestion du risque côtier par des dunes, des herbiers... Cela réduit simultanément l'impact des tempêtes et améliore l'état des écosystèmes qui fixent du carbone et diminuent la quantité de CO2 dans l'atmosphère. A l'inverse, si vous coulez du béton pour construire une digue, vous allez émettre davantage de CO2. Il faut penser adaptation et atténuation en même temps.

Evoquons la question des inégalités face à ce risque. Pouvez-vous nous expliquer comment les gens y sont différemment exposés ?

C'est vraiment une dimension très importante parce que le discours d'adaptation aujourd'hui est en tension de ce point de vue là. Le monde n'est pas plat. Il est fait de gens plus influents, moins influents, plus forts, moins forts. Il y a effectivement des gens qui arriveront à mieux se protéger des risques et à mieux capturer les bénéfices liés à un climat qui change. Cela veut dire que fondamentalement, s'adapter collectivement, c'est potentiellement créer ou exacerber des inégalités.

Nous avons de plus en plus d'études qui montrent que des sociétés inégalitaires réduisent leur capacité à l'adaptation et sont plus vulnérables. Les inégalités créent des fragilités et donc nous nous retrouvons dans des situations où s'adapter peut nous rendre plus vulnérables. Il faut donc réfléchir pour savoir comment s'adapter sans exacerber cela, sans laisser les riches capturer les opportunités et les pauvres assumer le coût.

Avez-vous un exemple où les méthodes d'adaptation exacerbées ont créé des inégalités ?

Je peux prendre un exemple sur lequel nous avons travaillé à Hô-Chi-Minh-Ville, au Vietnam, et où protéger les uns surexposait les autres. Il y avait une dizaine de gros canaux de drainage que l'on voulait fermer à l'aide de portes en béton, des sortes d'écluses géantes, pour que lorsqu'il y a des surcotes de marées combinées à des tempêtes, l'eau n'entre pas dans la ville. Lorsque vous avez dix portes comme cela, il va falloir choisir la première que l'on ferme et cela surexpose les neuf autres. On ne construit pas tout en même temps pour ouvrir et fermer tout en même temps. 

Un cas a marqué les esprits : la tempête Xynthia en 2010. Qu'a-t-elle changé dans les perceptions sur le sujet en France ?

Xynthia nous a donné une fenêtre sur l'avenir et l'avenir, c'est maintenant. Elle nous a montré notre degré d'impréparation. Récemment, nous avons travaillé à essayer d'analyser ce qui s'était passé ces dix dernières années. La mise en œuvre des réglementations existantes a été terriblement accélérée par Xynthia, mais aussi la mise en place de modalités de gouvernance beaucoup plus riches : il n'y a pas seulement eu de l'aménagement du territoire ou des digues, mais aussi des protocoles d'évacuation, de mise à l'abri et d'alerte améliorés.

"Au moment où Xynthia a frappé, nous étions dans un système imparfaitement organisé et mis en œuvre. Aujourd'hui, la situation est beaucoup plus rassurante, je pense, les gens sont plus prêts. Il y a plus d'échanges avec la population, entre les corps techniques et les élus. La situation s'est nettement améliorée."

Jean-Paul Vanderlinden

à franceinfo

Là où je ne vois pas d'amélioration, c'est sur la réduction des vulnérabilités. Nous sommes toujours dans ces questions de réduire les expositions par l'évacuation ou par la relocalisation. Aujourd'hui, on ne se demande pas comment on fait pour cibler les gens les plus fragiles, les moins mobiles, les plus modestes face à un événement comme Xynthia. 

Nous avons demandé à un député vendéen si cet épisode avait beaucoup changé les mentalités. Il était dubitatif : selon lui, "si vous mettiez en vente les terrains de la Faute-sur-Mer où des gens sont morts, je pense qu'on trouverait encore des gens pour les acheter". Que pensez-vous de cette analyse ?

C'est intéressant parce que, dans l'une des conclusions de la commission d'enquête, ils avaient parlé de culture du risque. C'est un concept un peu flou. Qu'est-ce que c'est la culture du risque ? Oui, des gens s'installeront de nouveau peut-être à cet endroit. Mais l'important, c'est de comprendre pourquoi et comment. Par rapport à quelle structure incitative peut-on avoir des gens qui acceptent de se surexposer à un risque comme le risque côtier ? Et une fois qu'ils font le choix en étant vraiment bien informés et qu'ils souhaitent quand même s'installer là, alors, comment fait-on pour les accompagner ? Il ne s'agit pas de les protéger ou de mettre des digues, mais de les accompagner pour penser le déplacement à l'étage et l'attention portée à la marée ou aux tempêtes.

"Dire aux gens qu'ils ne doivent pas s'installer là, c'est leur dire qu'il ne faut pas faire d'escalade, qu'il ne faut pas faire de parachutisme, qu'il ne faut pas faire toute une série d'activités considérées à risque."

Jean-Paul Vanderlinden

à franceinfo

Un lotissement littoral de l'île d'Oléron, en novembre 2020. (PIERRE MOREL / FRANCEINFO)

Il y avait des zones grises avant Xynthia. Nous n'avions pas prévenu les gens qu'ils étaient en zone inondable, nous n'avions pas fait clairement comprendre que quand on est derrière une digue, on n'est pas en sécurité. Nous n'avions pas les mécanismes d'alertes qu'il faut, mais se concentrer uniquement sur cette idée de culture, de choix, je pense que c'est un cul-de-sac. Et effectivement, des gens s'installeraient toujours là. Supposons que je veuille profiter pendant 20 ans d'un logement près de la côte. Si c'est mon choix, c'est un choix.

Pour terminer, je voudrais élargir ce que vous disiez tout à l'heure, sur le fait que ce n'est pas forcément la connaissance qui suscite l'action face à un risque. C'est un constat un peu contre-intuitif qu'il est possible de faire aussi par rapport à la manière dont nos sociétés réagissent au changement climatique et à l'inaction qui est la nôtre depuis plusieurs dizaines d'années. Pour quelle raison cela ne fonctionne pas ?

Il y a une étude très amusante qui a été conduite aux Etats-Unis. Elle a montré que la reconnaissance du changement climatique comme un enjeu réel était lié aux orientations politiques du groupe auquel appartenaient les répondants et pas du tout à leur niveau d'éducation. Ils ont fait plein d'analyses statistiques croisées, ils se rendent compte que les gens considèrent le changement climatique comme quelque chose d'important s'ils ont des orientations politiques qui soutiennent ce discours. Ils peuvent être éduqués de nombreuses années, comprendre la physique, la chimie... Si cela ne correspond pas aux valeurs de leur groupe, ils ne reconnaîtront pas la réalité du changement climatique.

Cela semble a priori normal si on se décale sur d'autres domaines : la théorie de l'évolution n'est pas acceptable si elle viole vos croyances religieuses fondamentales.

"Si nos croyances fondamentales sont que la voiture, c'est bien, que le pétrole, c'est beau, et que voler en avion est une liberté inaliénable, le discours sur le changement climatique devient inaudible."

Jean-Paul Vanderlinden

à franceinfo

Non pas parce qu'on ne comprend pas les gaz à effet de serre et tout ce qui s'ensuit, mais simplement parce qu'il y a une perte de sens de notre existence par rapport à l'enjeu qui y est mentionné. C'est là qu'une délibération peut redonner du sens à une situation nouvelle, pour repenser le changement climatique non pas comme une menace mais comme un moyen de trouver un sens différent à la production, en étant moins énergivore. 

Beaucoup de gens s'attachent à ces façons de penser le monde qui nous libère d'associations automatiques qui sont toxiques : bonheur = voiture, richesse = développement. Et pour désamorcer cette pensée, on ne peut pas juste venir bille en tête en disant voiture + développement + énergies = toxique. Cela ne marche pas, ce n'est pas recevable. Ce n'est pas facile d'engager une conversation avec des gens qui ont des convictions opposées aux nôtres, mais c'est nécessaire dans ce cas-ci.

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