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Glyphosate : il faut en sortir d'ici "3 ou 4 ans", car "c'est un produit dangereux pour la santé"

Le directeur et porte-parole de l’association de défense de l’environnement Générations futures, François Veillerette, appelle la France à prendre "la tête d'un mouvement qui rassemble suffisamment de pays pour sortir du glyphosate à terme et le plus rapidement possible".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des manifestants contre le glyphosate à Bruxelles, le 25 octobre 2017. (JOHN THYS / AFP)

La Commission européenne a reporté son vote sur le renouvellement pour dix ans de l'utilisation du glyphosate, classé cancérogène probable par le Centre international de recherche sur le cancer (OMS) contrairement aux agences européennes : l'Efsa et l'Echa.

La France souhaite que le renouvellement de l'autorisation dans l'Union européenne du glyphosate, "n'aille pas au-delà de quatre ans". "On voit très bien que la Commission européenne n'arrive pas à trouver la majorité suffisante pour une ré-homologation du glyphosate pour une période importante" a réagi mercredi 25 octobre sur franceinfo, François Veillerette, directeur et porte-parole de l’association de défense de l’environnement Générations futures. Pour lui, il faut "trois ou quatre ans mais pour sortir réellement du glyphosate, parce que c'est un produit dangereux pour la santé".

franceinfo : Que pensez-vous de ce report à Bruxelles sur le vote sur la prolongation du glyphosate ?

François Veillerette : On voit très bien que la Commission européenne n'arrive pas à trouver la majorité suffisante pour une ré-homologation du glyphosate pour une période importante. On a essayé 15 ans, 10 ans puis 5 à 7 ans et là ça ne passe pas. Je rappelle qu'hier [mardi] le Parlement européen a voté [vote non contraignant] à une très large majorité pour une sortie du glyphosate en 5 ans. Nous ce qu'on trouve encore trop long à Générations Futures. C'est un avis qui a quand même son importance politiquement. 

Aujourd'hui, nous ce qu'on voudrait, c'est 3 ou 4 ans mais pour sortir réellement du glyphosate qui est classé cancérogène probable par le centre international de recherche sur le cancer. Un produit comme ça n'a rien à faire sur le marché européen.

François Veillerette, directeur et porte-parole de l’association de défense de l’environnement Générations futures

à franceinfo

La position de la France par l'intermédiaire de Christophe Castaner [Porte-parole du gouvernement] nous inquiète un peu. Quatre années de glyphosate oui, mais après ? Est-ce que c'est quatre années pour en sortir définitivement, ou bien pour que dans que dans 4 ans on revote et on repart pour encore 4 ans, 5 ans ou 10 ans ? Et on en sort jamais ? Non il faut vraiment finir cette affaire. Il faut que la France prenne la tête d'un mouvement qui rassemble suffisamment de pays pour sortir du glyphosate à terme et le plus rapidement possible.

Vous souhaitez dès aujourd'hui un calendrier pour sortir définitivement du glyphosate et permettre aux agriculteurs d'avoir le temps de s'adapter ?

Oui, il faut fixer des perspectives claires aux agriculteurs parce que si on ré-homologuait le glyphosate pour encore quatre ans, tout le monde se dirait qu'on a le temps, et dans quatre ans, on se retrouve et on n'aurait pas fait les efforts pour développer un certain nombre d'alternatives qui restent à perfectionner pour mettre en place des systèmes d'aide à l'équipement pour des agriculteurs, qui devraient s'équiper de matériels pour désherber mécaniquement et on n'aurait perdu du temps. On n'en a assez de perdre du temps. On veut qu'on fixe une perspective claire pour une sortie assez rapide du glyphosate qui permette de laisser le temps aux agriculteurs de se préparer. Au niveau européen, il y a un an pour appliquer l'interdiction, plus un an et demie de délai de grâce. Cela fait presque trois ans qui permette déjà de s'adapter. C'est sur cette position-là qu'on est, il ne s'agit pas de laisser un délai délirant et que finalement ça ne rime à rien, parce que le règlement européen prévoit l'exclusion du glyphosate parce que c'est un produit dangereux pour la santé.

Que pensez-vous de la querelle entre le Centre international de recherche sur le cancer (OMS) qui a classé "cancérogène probable" en 2015, contrairement aux agences européennes ?  

C'est vraiment là qu'est le problème. On a vraiment l'impression que le travail des agences est à remettre en cause. Au-delà du dossier du glyphosate, nous ce qu'on appelle de nos vœux, c'est une refonte complète du système d'évaluation pour qu'au bout, on utilise que des études validées, scientifiques, publiées dans les revues, avec un comité de lecture et qui soient évaluées après par un organisme indépendant. Il ne s'agit pas de continuer dans ce système, où finalement les industriels sont juge et partie. Nous on veut changer de système pour que ce soit l'ensemble de la littérature scientifique universitaire qui soit prise en compte et ce n'est absolument pas le cas aujourd'hui. Il est temps de changer et je sais que Nicolas Hulot a compris ce message et qu'il en a parlé avec ses collègues européens ministres de l'Environnement et qu'il y a un mouvement qui est en train de se développer dans cette direction.

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