"Il y a une saisonnalité dans les légumes" : des agriculteurs déplorent la fin de l'interdiction de cultiver bio sous serre chauffée

Cette interdiction, qui datait de 2019, a été cassée par le Conseil d'État car elle ne s'appliquait pas aux produits importés, au grand désarroi de la filière de l'agriculture biologique.
Article rédigé par Guillaume Gaven
Radio France
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Temps de lecture : 2min
Des plants de tomates sous serres chauffées, à Briec dans le Finistère. (CLAUDE PRIGENT / MAXPPP)

L'interdiction aura duré trois ans. Depuis 2019, il était interdit de commercialiser des fruits et des légumes bio qui avaient poussé sous serre chauffée. Sauf que l'interdiction ne s'appliquait pas aux produits importés, le Conseil d'État a donc cassé cette interdiction. La concurrence va se retrouver renforcée et faire chuter les prix. Jonathan Chabert, maraîcher bio en Bretagne et membre de la Confédération paysanne, est désabusé : "On était entre 3,50 et 4,50 euros mais on peut avoir des tomates qui arrivent entre 1,10 et 1,50 euro."

Cette décision est totalement incohérente aux yeux du syndicat agricole. "Il y a une saisonnalité dans les légumes, insiste Laurence Marandola, porte-parole de Confédération paysanne. Produire à contre-saison est contraire à l'esprit de l'agriculture paysanne, et encore plus biologique. Là on est carrément dans une marche en arrière qui répond à une pression forte de l'agro-industrie." Il existe des serres "gigantesques", explique la porte-parole, avec notamment "des serres chauffées en Bretagne en agriculture conventionnelle et biologique pour sortir des tomates au cœur de l'hiver".

"Ce qui est important, c'est que les règles soient communes"

De son côté, l'interprofession des fruits et légumes n'y voit aucune incohérence. Le conseil d'État n'a fait que rétablir l'égalité entre produits français et produits importés, explique le président d'Interfel Laurent Grandin : "La question centrale pour nous n'est pas sur le fond, c'est aux organisations au niveau européen de juger ce qui est bon de mettre sous ce label bio. Ce qui est important c'est que les règles soient communes."

"Maintenant, la réalité de la production de légumes en France de type ratatouille, notamment la tomate, c'est 90% de production en serres chauffées."

Laurent Grandin, président d'Interfel

à franceinfo

Des serres chauffées qui pourront donc accueillir désormais des cultures bio, ce que déplore Philippe Camburet, le président de la fédération nationale d'agriculture biologique (Fnab). "Aujourd'hui, les gens qui ont déjà leurs serres pour produire des légumes conventionnels vont utiliser le chauffage des serres pour produire des légumes bio. Ça va être la possibilité pour eux d'aller sur ce segment de marché dont ils avaient été privés par la décision de 2019", regrette-t-il. La Fnab a demandé à la Commission européenne de se prononcer sur cette réautorisation avant d'étudier un nouveau recours juridique.

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