: Vidéo "Bio ne veut pas dire diététique, ni éthique", prévient 60 millions de consommateurs qui a trouvé des polluants dans les aliments bio
Le bio ne contient pas de résidus de pesticides au-delà des seuils autorisés, mais il n'est pas non plus sans danger, rappelle Christelle Pangrazzi, rédactrice en chef adjointe des hors-séries du magazine 60 millions de consommateurs, qui a passé à la loupe quelque 130 produits consommés au quotidien.
60 millions de consommateurs publie mercredi 5 juin un hors-série spécial sur le bio, alors qu’en 2018 plus de 9 Français sur 10 déclaraient avoir consommé des produits bio, selon l'Agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique. Le magazine a ainsi passé à la loupe 130 produits consommés au quotidien, notamment les pommes, l’huile d’olive, les pâtes, le lait ou les œufs. Conclusion : le bio ne contient pas de résidus de pesticides au-delà des seuils autorisés, mais il n'est pas non plus sans danger. "On est dans des aberrations écologiques. Le bio ne veut pas dire diététique, ni éthique", explique sur franceinfo Christelle Pangrazzi, rédactrice en chef adjointe des hors-séries du magazine 60 millions de consommateurs.
franceinfo : Le bio nous protège-t-il des pesticides ?
Christelle Pangrazzi : Tout à fait. La promesse est tenue sur les pesticides. On a testé les pommes et les bananes et on n'a pas retrouvé de pesticides très en dessous des seuils réglementaires autorisés.
Avez-vous trouvé d'autres polluants ?
Dans le lait et les œufs bio, nous avons retrouvés des PCB et des dioxines. Ce sont des polluants issus la plupart du temps des usines. Les laits et les œufs bio en contenaient plus que les laits et les œufs conventionnels. Cela s'explique par le fait que les animaux sortent et comme ce sont les sols qui sont contaminés, l'impact est plus fort qu'avec les animaux qui ne sortent pas. Cela démontre une faille du système bio parce que les sols ne sont pas testés avant qu'un agriculteur s'installe sur un champ.
Le seuil réglementaire est-il dépassé ?
On reste malgré tout en-dessous des seuils réglementaires, mais les PCB et les dioxines sont quand même cancérogènes et perturbateurs endocriniens. Ce sont des molécules qui s'accumulent dans le corps et ne peuvent pas s'éliminer. Le problème c'est qu'on manque de recul sur ces accumulations, donc nous on alerte et on dit qu'il ne devrait pas y en avoir.
Qu'en est-il des fruits et des légumes bio ?
Pour ceux que nous avons testés, nous n'avons pas vu de souci en termes de pesticides. En revanche, nous avons vu des phtalates sur les huiles d'olive. Ce sont des plastifiants qui sont perturbateurs endocriniens et qui sont liés, dans le cas des huiles d'olive, à des origines géographiques. Les huiles d'olive sont stockées dans des cuves et passent par des tuyaux. Ces cuves et tuyaux [quand ils sont en plastique] contenaient des phtalates.
Le bio marche de plus en plus. La moitié des ventes de bio se font en grandes surfaces. Est-on dans une sorte de croissance ?
On est à un tournant du bio. Nous alertons parce que nous avons trouvé de très nombreuses failles. On a vu que les gâteaux bio contenaient des farines complètes et que pour masquer son amertume, on rajoutait du sucre. Le bio ne veut pas dire diététique. On peut rajouter autant d'additifs que l'on veut dans le bio, les nitrites de sodium continuent à être autorisés dans les charcuteries bio, tout comme l'utilisation des serres chauffées. Il faut savoir aussi que l'huile de palme bio nécessite de déforester davantage que l'huile de palme conventionnelle. Donc, on est dans des aberrations écologiques. Le bio n'est pas non plus une garantie éthique parce que certains travailleurs qui travaillent en Espagne dans des immenses serres chauffées viennent des quatre coins du monde et vivent dans des conditions dignes de l'esclavage et des bidonvilles.
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