: Vidéo "C'est la société qui a mis les agriculteurs dans la chimie, à elle de les en sortir", estime le maire anti-pesticides de Langouët
Il avait interdit l'épandage de pesticides à moins de 150 mètres des maisons de sa commune d'Ille-et-Vilaine. La préfecture a demandé l'annulation de cette décision dont le sort est actuellement en délibéré. Le maire de Langouët s'explique dans "Envoyé spécial" du 24 octobre 2019.
Son arrêté municipal a mis le feu aux poudres dans tout le pays. Affiché sur la façade de la mairie, il stipule que "l'utilisation des produits phytopharmaceutiques est interdite sur le territoire de la commune à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale". "Envoyé spécial" a rencontré le maire de Langouët (Ille-et-Vilaine).
"Les pesticides de synthèse ne sont pas des vitamines, rappelle-t-il pour expliquer sa décision. On en retrouve dans notre alimentation et dans notre air. On respire quelque chose qu'on ne veut pas. C'est une atteinte à la santé et à la liberté fondamentale de toute personne."
Son programme : une vie sans pesticides
Dans ce paisible îlot écolo breton, sous son impulsion, la moitié des champs sont déjà passés en bio. Depuis vingt ans, Daniel Cueff dirige sa commune vers la transition écologique. Il a été élu et réélu sur ce programme : une vie sans pesticides et en autosuffisance pour Langouët. Lorsqu'il a pris des arrêtés pour interdire les néo-nicotinoïdes soupçonnés de tuer les abeilles et les pesticides dans les jardins, il n'a pas été inquiété par la justice. Dans les deux cas, il était en avance sur l'évolution de la loi. Mais cette fois, la préfecture a saisi le tribunal, estimant qu'il n'avait pas le droit de prendre ce type de décision. Le jugement est actuellement en délibéré.
En infraction ou précurseur ?
Ce maire que l'on dit en infraction ne serait-il pas plutôt un précurseur ? Il y a quinze ans de cela, l'école communale de Langouët a mis en place "la première cantine en France qui a décidé que tous les produits servis aux enfants seraient issus de l'agriculture biologique. La raison principale, c'était d'éviter que les enfants mangent des pesticides de synthèse", rappelle Daniel Cueff.
Aujourd'hui, le maire estime avoir été suffisamment patient avec les agriculteurs de sa commune. Pour lui, contrairement à ceux qui vont vers le bio, ceux "qui vont vers l'agriculture chimique ne réussissent pas économiquement, et veulent donc encore plus de terres. Il y a un moment où on est obligé de dire stop." D'où cet "arrêté d'autorité, qui dit 'maintenant, ça suffit. On en a marre de discuter dans le vide'." Pour Daniel Cueff, c'est à la société, qui "a mis les agriculteurs dans la chimie, de les sortir de la chimie".
Extrait de "Pesticides : les champs de la colère", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 24 octobre 2019.
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