Tempête de 1999 : quinze ans après, les arbres "n'ont pas oublié"
Spécialisée dans le sciage du pin des Landes, l’entreprise familiale Balhadère, crée en Gironde en 1948, fait partie des sociétés encore debout, mais à chaque Noël, Serge Balhadère écoute le bruit du vent avec une attention particulière. "Dans notre secteur du Medoc, il y avait une douzaine de scieries il y a une vingtaine d’années. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que trois ou quatre ", explique-t-il.
Le grand public a une capacité d'oubli alors que "nos arbres " eux se souviennent, nous dit Luc Bouvarel. Il est le directeur général de la fédération des forestiers privés de France. "Les arbres français n'ont pas oublié . C’est une empreinte dans la forêt française qui restera. On peut dire aujourd’hui qu’à peu près 80% de la forêt qui avait été touchée a été d’une manière ou d’une autre travaillée, dans le sens où l’homme a participé à sa reconstitution. Quand le vent souffle aux vitesses où il a soufflé en 99, même les poteaux EDF ont été complètement vrillés et dévissés. Rien ne résiste à des vents de plus de 130km/heure ", se souvient-il.
Les aides publiques débloquées pour déblayer, nettoyer et reboiser n’ont pas suffi, explique Luc Bouvarel. "Cette tempête a favorisé un certain nombre de fourrés assez importants et toute la faune, les grands animaux cervidés, que ce soient les chevreuils ou les cerfs, se sont développés de façon importante. Et aujourd’hui ces animaux créent des surcoûts en terme de gestion forestière parce qu’il faut protéger les forêts de ces animaux-là étant donné qu’ils n’ont pas de prédateurs naturels, comme le loup ou le lynx. Ils prennent l’écorce à hauteur de leur museau, ils tirent dessus et ils peuvent vous écorcer un arbre jusqu’à cinq ou six mètres de hauteur. A ce moment-là, les arbres qui ont subi ce dégât sont complètement inutilisables en matière de bois d’industrie ou de bois d’œuvre ", explique-t-il.
Si des parcelles entières en France n’ont pas cicatrisé, il est un lieu un peu magique où la tempête de 99 n’a pas gagné. Ce lieu c’est le parc du château de Versailles. "Versailles, c’est un gigantesque domaine de 850 hectares parcouru par 43 kilomètres et peuplé de 350.000 arbres. Ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que Versailles est devenu malgré lui le symbole même de la tempête en France. Versailles a bénéficié d’un élan de générosité inouï de la part des Français, de la part du gouvernement, de la part de mécènes. Versailles a pu engranger une quantité d’argent après la tempête pour lui permettre d’être restauré ", explique Alain Baraton, qui est le jardinier du parc du château.
"J’ai la chance, pour ne pas dire le bonheur, d’habiter dans le parc, et de la fenêtre de ma cuisine il y a encore un pin superbe qui produit un tronc très élevé avec sa touffe de branchages en hauteur. Quand je le regarde et que je me dis que cet arbre a connu le vent, a connu la tempête, et qu’il est toujours debout, il y a une sorte de respect. Et puis surtout, c’est presque un message optimiste, en se disant que tous ne sont pas morts et qu’il y a toujours de l’espoir ", poursuit-il.
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