Tepco a annoncé samedi la suspension d'une opération de décontamination de l'eau radioactive à Fukushima-Daiichi
Motif, selon l'opérateur de la centrale nucléaire au Japon: une hausse inattendue du niveau de radiations pour une raison inconnue, quelques heures après le lancement de l'opération.
Par ailleurs, du thé vert en provenance du Japon, contenant deux fois plus de césium que le niveau maximal admissible, a été intercepté à l'aéroport de Roissy.
Il s'agit d'un lot de 162 kg de feuilles séchées, en provenance de la préfecture de Shizuoka, à l'ouest de Tokyo. C'est la première fois que des produits radioactifs sont détectés en France dans le cadre des contrôles mis en place à la suite de l'accident de la centrale japonaise de Fukushima.
"La mise en place d'une procédure après l'accident nucléaire a marché puisque le lot a été identifié et le lot ne pénétrera pas sur le marché", a indiqué une porte-parole de la Direction de la consommation (DGCCRF).
Les analyses en laboratoire ont mis en évidence une contamination en césium de 1.038 Bq/kg, supérieure au niveau maximal admissible défini au niveau européen, qui est de 500 Bq/kg pour ce type de produit, a précisé la DGCCRF.
Le produit a été mis en quarantaine à l'aéroport de Roissy et fera l'objet d'une destruction par une entreprise spécialisée.
La DGCCRF "va saisir la Commission européenne pour ajouter la préfecture de Shizuoka à la liste des préfectures pour lesquelles la réglementation européenne impose un contrôle systématique au départ du Japon".
Arrêt de l'usine de décontamination des eaux
L'usine de décontamination des eaux radioactives construite à la centrale nucléaire de Fukushima a été arrêtée quelques heures après sa mise en route en raison du niveau trop élevé de radiations, a annoncé samedi Tokyo Electric Power (Tepco), l'opérateur de la centrale.
Des pièces du système qui absorbent le césium radioactif doivent être changées beaucoup plus tôt que prévu en raison du niveau trop élevé de radiations, ont indiqué des responsables de Tokyo Electric Power.
L'usine de décontamination avait commencé à fonctionner vendredi à 11h GMT et a dû être arrêtée cinq heures tard, selon les mêmes sources.
La chaîne de décontamination de l'usine est basée sur les procédés du groupe nucléaire français Areva et de la société américaine Kurion.
Selon Tepco, des boues radioactives sont entrées dans le système de retraitement ou les eaux traitées sont plus radioactives que ce que Tepco imaginait au départ. Quelque 100.000 tonnes d'eau hautement radioactive se sont accumulées dans les bâtiments des réacteurs et des turbines de Fukushima-Daiichi (N°1) depuis le séisme et le tsunami du 11 mars. Ces effluents empêchent les ouvriers de pénétrer dans les installations pour réactiver des circuits de refroidissement du combustible nucléaire, endommagés par une vague de 14 mètres de haut qui a déferlé sur la centrale.
L'usine de décontamination sera en principe capable de traiter 50 tonnes d'effluents par heure, soit 1.200 tonnes par jour, en divisant la radioactivité par un facteur de 1.000 à 10.000 fois.
La compagnie Tepco est encore contrainte d'injecter sur les réacteurs environ 500 tonnes d'eau chaque jour, dont une partie s'accumule dans les installations.
Tokyo veut relancer les centrales nucléaires arrêtées
Dans le même temps, le ministre japonais de l'Industrie, qui a souligné que des mesures supplémentaires de sécurité ont été mises en oeuvre après l'incident de Fukushima, a estimé samedi qie les centrale nucléaires japonaises peuvent recommencer à fonctionner.
Selon Banri Kaieda, "si les centrales nucléaires ne peuvent pas fonctionner alors qu'il y a des mesures de sécurité, cela pourrait causer la stagnation des industries et susciter l'inquiétude des Japonais". "Si nécessaire, je me rendrai moi-même dans les communautés pour expliquer" aux habitants, a promis le ministre japonais en demandant leur "coopération".
Plusieurs centrales nucléaires ont été arrêtées après le 11 mars et à l'heure actuelle, seuls 17 des 54 réacteurs nucléaires civils fonctionnent. 35 réacteurs, dont les six de la centrale de Fukushima, sont toujours arrêtés. Le Japon tire 30% de son énergie de l'activité des centrales nucléaires.
Une "occasion unique" pour la sûreté nucléaire
La conception et la localisation des centrales nucléaires devraient répondre à des règles strictes leur permettant de faire face à d'éventuelles menaces extérieures, ont estimé 18 experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) dans un rapport, trois mois après l'accident de Fukushima.
Le document de 160 pages, dont Reuters a obtenu une copie vendredi, a été préparé en vue de la conférence sur la sûreté nucléaire qui se tiendra à Vienne du 20 au 24 juin. Dans un rapport de trois pages remis au Premier ministre japonais début juin, l'agence onusienne avait jugé que le Japon avait sous-estimé les risques associés à un tsunami à la centrale nucléaire et pressait le gouvernement d'agir pour éviter une nouvelle catastrophe.
Dans leur rapport complet, le panel d'experts préconise cette fois 16 mesures visant à améliorer la préparation des centrales nucléaires à des dangers venus de l'extérieur.
"Les provisions de défense-en-profondeur en matière de risques de tsunami n'étaient pas suffisantes", ont noté les experts dans le rapport. "Il faut s'assurer, qu'en prévision de risques d'événements naturels extérieurs, la localisation et la conception des centrales nucléaires permettent une protection suffisante". L'AIEA plaide entre autres en faveur d'une "séparation physique et d'une diversité des systèmes de sécurité."
En 2007, le Japon avait ignoré une recommandation de l'agence onusienne de rendre indépendante l'Agence de sûreté nucléaire, actuellement liée au ministère chargé de l'Industrie atomique.
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