Barcelone victime de son succès touristique prend des mesures drastiques
Richesses culturelles et architecturales, port de croisière, ville de bord de mer, atmosphère, climat le stade du Camp nou (Barça) capitale de la Costa Brava... Résultat, Barcelone est devenue en quelques années la 7e (voir la 6e ou même la 3e, selon les sources) ville touristique d'Europe. Les touristes, estimés à 27 millions par an, génèrent 14% de la richesse de la capitale de la Catalogne. Mais cet afflux pose des problèmes aux habitants qui voient les prix monter (des logements notamment) et l'âme de la ville se diluer.
«Tourists go home»: le slogan, sans ambiguité, a fleuri sur les façades des quartiers les plus touristiques de la ville catalane de 1,6 million d'habitants, peinant à absorber cet afflux quasi inexistant avant les jeux Olympiques de 1992. «Si on ne fait rien, elle pourrait devenir comme Venise d'ici 30 à 40 ans: une ville complètement dédiée au tourisme», avertit Francesc Muñoz, professeur en géographie à l'université autonome de Barcelone .
Selon de nombreux témoignages, la vie quotidienne des Barcelonais subit le déferlement de touristes. Certaines zones, comme les Ramblas, ont perdu leur caractère. «Barcelonais, revenez à la Rambla», clame une pancarte accrochée à un balcon. Cette promenade ombragée, ancien point de rencontre des Barcelonais, est à présent envahie de boutiques de souvenirs, d'enseignes à la mode et de restauration rapide comme n'importe quel grand boulevard européen.
Hotels et Airbnb dans le viseur
La nouvelle maire, Ada Colau, ex-militante antiexpulsions et égérie du mouvement des indignés, veut rendre compatible la vie de ses concitoyens avec le tourisme qui génère quelque 120.000 emplois. Une cohabitation parfois difficile, comme l'ont prouvé les manifestations d'habitants du quartier populaire de la Barceloneta, coincé entre la plage et le port, contre les excès des jeunes touristes.
Elle a annoncé le gel pour un an de l'attribution de nouvelles licences hôtelières afin d'éviter la saturation touristique dans les quartiers les plus fréquentés. Une décision qui a touché une trentaine de projets qui devaient s’ajouter aux 600 hôtels (74.000 chambres) et près de 9.600 appartements touristiques déclarés (sans compter ceux loués illégalement. L'un des principaux projets, la tour Agbar, aurait finalement été autorisé).
Les autorités régionales ont aussi pris des mesures. En Catalogne, les particuliers qui louent des chambres à travers des sites internet comme Airbnb ne pourront le faire que pour un temps et un nombre de chambres limités et devront s'acquitter d'une taxe. Les propriétaires devront verser 0,65 euro par nuit pour les logements situés à Barcelone , ville qui accueille quelque 27 millions de touristes par an. De plus, la location sera limitée à deux chambres au maximum et à quatre mois par an. Le propriétaire devra également informer les autorités locales de l'usage touristique de son logement et il devra y passer la nuit durant le séjour des locataires. De quoi tuer Airbnb et ses équivalents qui fleurissent dans toutes les destinations touristiques.
Une réglementation qui vise directement les plateformes de location «collaboratives» comme Airbnb. En effet, selon les hôteliers, l'offre pour les locations touristiques entre particuliers a dépassé en 2014 celle des hôtels et des autres types d'hébergements traditionnels. La seule ville de Barcelone concentre à elle seule plus de 137.000 lits sur les plateformes collaboratives, soit presque le double de l'offre conventionnelle, selon cette étude.
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