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Attentats en Catalogne : "Il faut de l'humanité là où le terrorisme par définition va déshumaniser"

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Article rédigé par franceinfo
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Après les attentats qui ont frappé jeudi 17 août la Catalogne, Stéphane Gicquel, représentant de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs insiste sur la nécessité d'"attirer l'attention sur les personnes qui étaient présentes sur la scène de l'attentat".

"La qualité de la prise en charge des victimes est aussi une réponse au terrorisme, c'est un acte de résistance", a déclaré vendredi 18 août sur franceinfo Stéphane Gicquel, représentant de la Fédération nationale des victimes d'attentats et d'accidents collectifs (Fenvac). Après les attentats qui ont frappé la Catalogne jeudi 17 août, il a annoncé l'ouverture d'un centre d'accueil à Barcelone pour les Français et insisté sur la nécessité d'"attirer l'attention sur les personnes qui étaient présentes sur la scène de l'attentat".

franceinfo : Avez-vous le sentiment que cela ne s'arrêtera jamais ?

Stéphane Gicquel : Bien sûr, il y a la solidarité, la fraternité et une sorte de colère sur ces événements qui se reproduisent implacablement. Il y a par ailleurs une attente très forte tant chez nos responsables politiques qu'au niveau européen pour avoir des actions fortes de lutte contre le terrorisme. Dès 20 heures hier soir [jeudi 17 août], notre association a intégré la cellule de crise du Quai d'Orsay. Il y a d'abord tout un travail de recensement, de localisation, même si la collaboration avec les autorités espagnoles est vraiment très bonne. Il s'agit ensuite d'organiser le départ des familles qui sont en France et qui veulent aller au chevet de leurs proches. Il faut vraiment attirer l'attention sur les personnes qui étaient présentes sur la scène de l'attentat. Je ne dis pas qu'elles étaient toutes victimes, parce que "victime" a une connotation juridique, mais que ces personnes se manifestent. Un centre d'accueil va être ouvert pour les victimes et nos concitoyens. Il est important de se faire recenser.

Il est important aussi de ne pas sous-estimer le traumatisme d'avoir été présent sur les lieux ?

Bien évidemment. C'est un traumatisme qui peut se manifester dans plusieurs jours, plusieurs semaines, plusieurs mois. Si vous avez un jour une faiblesse dans votre vie professionnelle, votre vie familiale, cet épisode traumatique peut ressurgir. On est tous différents et tous armés différemment pour faire face à ce genre de traumatismes et c'est pour ça qu'il faut construire une réponse individualisée.

Comment se passe la prise en charge ?

Quand vous êtes blessé, le rapatriement relève des contrats d'assurance dont vous pouvez disposer par exemple grâce à vos cartes bancaires ou vos contrats habitation, automobile. C'est donc à chaque "assisteur" de régler le rapatriement. Mais nous sommes à Barcelone avec une très grande qualité des soins.

Quel rôle joue la solidarité dans ce type d'évènement ?

On nous dit que la solidarité, la fraternité c'est un peu "bisounours", que ce n'est pas à la hauteur. Elle ne suffit pas bien évidemment mais il faut de l'humanité là où le terrorisme par définition, va déshumaniser. La qualité de la prise en charge des victimes est aussi une réponse au terrorisme, elle est un acte de résistance. Il ne faut pas s'habituer. C'est vrai qu'on nous dit à chaque fois qu'il y a beaucoup de bruit médiatique quand survient un attentat. Le pire serait une sorte de banalisation. Chaque victime découvre très basiquement que cela n'arrive pas qu'aux autres. Il faut bien évidemment que cette solidarité s'inscrive dans la durée. C'est un accompagnement qui se met en place sur plusieurs mois voire plusieurs années. 

Vous ressentez une émotion intacte ?

Je pense qu'il faut apprendre à vivre avec ce risque terroriste, qu'il faut avoir une vraie réflexion à la fois individuelle, citoyenne, politique sur comment on va intégrer ce risque. Cela ne va bien évidemment pas nous empêcher de vivre mais c'est aujourd'hui une réalité. Il doit y avoir un vrai débat national sur la lutte contre le terrorisme. Et nous n'avons pas ce consensus. C'est vraiment la responsabilité du président de la République d'animer, au-delà des courants partisans, une vraie réflexion de fond, parce qu'on ne peut pas avoir une approche partisane. C'est l'épreuve du feu et comme on l'a dit au président de la République, on jugera sur les faits.

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