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Attentats en Catalogne : "L’aspect religieux reste secondaire"

Après les attaques terroristes en Catalogne, le psychiatre Samuel Lepastie décrypte les raisons qui poussent certains individus à passer à l'acte. "L’aspect religieux reste secondaire par rapport à une mention personnelle", explique-t-il.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La camionnette utilisée dans un attentat sur La Rambla, à Barcelone, est enlevée par la police, le 18 août 2017. (JAVIER SORIANO / AFP)

Les attaques terroristes en Catalogne de jeudi ont fait au moins 14 morts et plus de 100 blessés selon les autorités locales. Invité sur franceinfo samedi 19 août, le psychiatre Samuel Lepastier explique que certains individus peuvent s'identifier au mode opératoire de la voiture bélier et passer à l'acte pour "devenir à [leur] tour des vedettes". Selon lui, "l'aspect religieux reste secondaire".

franceinfo : Peut-il y avoir un effet de mimétisme dans les actes terroristes ?

Samuel Lepastier : Je n’emploierais pas le terme de mimétisme mais de phénomènes d’identification. Ce qui compte pour la personne qui va passer à l’acte ce n’est pas tant le geste que le fait de s’identifier à la personne qui commet le geste. Ceux qui utilisent la voiture bélier deviennent des vedettes, en employant le même procédé, on devient à son tour une vedette. C’est un modèle auquel on peut s’identifier et ce n’est pas uniquement lié aux actes terroristes. Lorsqu’une star se suicide, un certain nombre de personne peut faire la même chose, comme on l’avait vu avec Marilyn Monroe.

Pourquoi une personne décide d’entraîner les autres dans leur propre mort ?

Tout ceci est un meurtre qui est retourné contre soi, donc certaines personnes sont amenées à la fois à tuer et se suicider. Ils accusent, par un phénomène de transfert, des innocents qui prennent la place d’autres coupables. L’aspect religieux reste secondaire par rapport à une mention personnelle. On est dans une logique de passion. Le problème n’est pas tant de faire changer les personnes radicalisées mais de comprendre les raisons de ce geste passionnel.

Nous sommes obligés de parler de ces drames pour rendre hommage aux victimes mais ne risque-t-on pas un effet de contamination ?

C’est l'un des paradoxes. Il y a un effet de foule. Quand on en parle, on rend les terroristes plus proches, plus extraordinaires. Ce qu’il faut, c’est aller plus loin et ne pas simplement rapporter le drame, aller au-delà des apparences en montrant l’angoisse de ces gens qui doutaient d’eux-mêmes.

Attentats en Catalogne : "L’aspect religieux reste secondaire", explique le psychiatre Samuel Lepastie

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