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Emploi : jamais l'Espagne n'avait créé autant de contrats à durée indéterminée

C'est du jamais-vu en Espagne : les CDI représentent 45% des nouveaux contrats signés, contre 10% il y a encore quelques mois. Une réforme du travail, entrée en vigueur au début de l'année, semble bien changer la donne.

Article rédigé par franceinfo - Marie-Hélène Ballestero
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Une femme se tient devant une "Oficina de empleo", l'équivalent espagnol d'une agence Pôle emploi. (JUAN CARLOS HIDALGO / EFE/Newscom/MaxPPP)

Fin 2020, l'Espagne était le pays de l'Union européenne ayant la plus forte proportion de salariés en contrat temporaire, selon les données d'Eurostat : 24%, soit 11 points de plus que la moyenne européenne. Les contrats temporaires représentaient même jusqu'à il y a peu de temps 90% des nouveaux contrats signés, et les CDI seulement 10%.  Mais aujourd'hui, la création de CDI bat des records : 780 000 contrats de ce type ont été signés au mois de juin, ce qui représente plus de 45% des nouvelles embauches. La dernière réforme du travail, votée en début d'année, semble porter ses fruits dans le pays.

Ce texte, entré en vigueur il y a six mois grâce à un accord historique entre le gouvernement espagnol, les principales associations patronales et les deux grands syndicats, UGT et Commissions ouvrières, restreint de manière considérable la possibilité pour les entreprises d'avoir recours aux contrats temporaires. 

"Les résultats sont bien meilleurs que les prévisions les plus optimistes, se félicite Mari Cruz Vicente, secrétaire confédérale à l’action syndicale de Commissions ouvrières. Les entreprises sont en train de s’adapter rapidement à l’utilisation des CDI, comme la forme la plus courante d'embaucher quelqu'un. Le marché du travail en Espagne évolue de façon positive et l’amélioration de la qualité de l’emploi est incontestable."

Une nette amélioration pour les moins de 30 ans

Les premiers concernés sont les jeunes et les femmes, ceux qui ont le plus souffert jusqu’à présent des contrats précaires et temporaires en Espagne. À 24 ans, Álvaro a enchaîné de nombreux petits boulots précaires : "Avant j'avais des emplois, pour ainsi dire, au jour le jour. Ils m'appelaient, par exemple, pour travailler sur des concerts pendant les week-ends. C’était super dur et, en plus, les conditions de travail n’étaient pas géniales." Le jeune homme a signé son premier CDI en avril dernier, dans un supermarché de Madrid : "Tu te sens beaucoup plus confiant et tu es sûr au moins que, dans trois mois, ils ne vont pas te dire que ton contrat est fini. Avec un CDI, tout va beaucoup mieux, tout est beaucoup plus détendu."

"Nous devons donc attendre le troisième trimestre pour voir si le changement est vraiment structurel."

Gayle Allard, économiste

à franceinfo

Chez les moins de 30 ans, le pourcentage de travailleurs en CDI a augmenté de 27 points en juin, par rapport à la même période de l’année dernière. Des chiffres encourageants même si Gayle Allard, économiste à l’IE Business School, préfère rester prudente : "C’est peut-être structurel, en raison du changement de la loi, mais c'est peut-être dû aussi à la confiance en l’avenir. Je crois que nous ne pouvons pas encore crier victoire, car la hausse a été observée deux trimestres avant cette réforme du travail." Et reste donc à savoir si, avec une dégradation de la situation économique, la tendance se poursuivra.

En Espagne, le nombre de CDI en très nette augmentation : reportage de Marie-Hélène Ballestero

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