Catalogne : "L'indécision surprenante" du gouvernement espagnol fait craindre "une crise des institutions"
Barbara Loyer, directrice de l'Institut français de géopolitique à l'université Paris 8, a expliqué, mercredi sur franceinfo, ne pas "comprendre la manière dont agit le gouvernement espagnol".
La Catalogne pourrait se déclarer indépendante dans les prochains jours. Le roi d’Espagne a pris la parole, mardi 3 octobre, pour s'opposer aux indépendantistes catalans. Felipe VI a estimé qu'ils se sont mis "en marge du droit". Barbara Loyer, directrice de l'Institut français de géopolitique à l'université Paris 8 et spécialiste de l'Espagne, a expliqué, mercredi sur franceinfo, ne pas "comprendre la manière dont agit le gouvernement espagnol". Selon elle, "on est dans une indécision surprenante" qui fait craindre "une crise des institutions".
franceinfo : Qu'est-ce que peut faire le gouvernement espagnol ?
Barbara Loyer : C'est difficile de comprendre la manière dont agit le gouvernement espagnol. Après avoir envoyé la police, il a finalement ordonné qu'elle se retire face à la crainte que les images soient négatives. Il reste dans une forme d'inaction qui n'est pas facile à interpréter et semble attendre que le Parti socialiste lui apporte son soutien pour enclencher l'article 155 de la Constitution espagnole. Cet article permet de suspendre l'autonomie de la Catalogne et d'interdire aux dirigeants de la rébellion de continuer d'agir. Le Parti populaire pourrait le faire tout seul puisqu'il a la majorité au Sénat. Il suffit d'avoir cette majorité pour pouvoir le mettre en route, mais ils sont en train d'attendre l'accord du Parti socialiste. Or, le parti est encore plus dans l'indécision. Les socialistes catalans avaient demandé de ne pas participer au référendum, le jugeant illégitime et en même temps, il n'ose pas s'aligner sur le Parti populaire. On est dans une indécision surprenante.
Que pourrait-il se passer en cas d'indépendance autoproclamée ?
Le gouvernement espagnol n'a pas trop le choix. Il est censé garantir l'union de l'Espagne. Ce référendum n'a pas été négocié, il est donc illégal. Il s'est tenu dans des conditions qui n'ont ni queue ni tête. 60 % de la population ne s'est pas déplacée. Le gouvernement ne fait pas grand-chose. Il est très difficile de prévoir ce qui va se passer. Si le gouvernement espagnol ne fait rien, on peut basculer dans l'émotion du côté des citoyens espagnols.
Existe-il une marge de négociation ?
Si la situation tournait trop mal, il se peut que le mouvement nationaliste se divise et que toute une partie ne veuille pas aller jusqu'au bout. Il est aussi possible que l'extrême gauche, qui a profité de cette occasion pour affaiblir le gouvernement Rajoy à Madrid, recule aussi parce que les choses tourneraient trop mal. Les séparatistes n'offrent que la séparation. Cela peut provoquer une crise des institutions ou du gouvernement espagnol. On sent dans les éditoriaux et dans les conversations à la radio une forme d'indignation qui monte face au gouvernement qui n'ose pas agir.
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