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Investiture de Puigdemont : l'indépendantiste en exil risquera-t-il un retour en Espagne ?

Les indépendantistes catalans maintiennent leur projet d'investir Carles Puigdemont à la présidence, à l'issue d'un débat interdit par la justice initialement prévu mardi, avant d'être ajourné. Le président destitué risque l'arrestation dès son entrée en Espagne. 

Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
L'indépendantiste Carles Puigdemond, ci-contre le 27 octobre 2017 à Barcelone, est exilé depuis trois mois en Belgique. (JOSEP LAGO / AFP)

L'élection du chef de l'exécutif catalan par le parlement régional, prévue à l'origine
mardi 30 janvier, est ajournée, a annoncé le président du Parlement de
Barcelone, mais pas annulée. "La séance d'aujourd'hui est repoussée, mais en aucun cas annulée (...) Nous ne présenterons pas d'autre candidat (que Puigdemont)", a affirmé Roger Torrent lors d'une conférence de presse dans la matinée. Majoritaires, les indépendantistes n’ont qu’un seul candidat, Carles Puigdemont, l'ex-président réfugié en Belgique. Si ce dernier veut être investi, est-il pour autant obligé de se rendre à Barcelone ?

Puigdemont doit être physiquement présent

Carles Puidgemont préparait son investiture par vidéo conférence et avait même négocié avec les indépendantistes flamands pour le faire depuis leur Parlement. Mais la justice espagnole a de son côté estimé qu'une investiture à distance n'était pas légale. Aussi, selon le tribunal constitutionnel, s’il veut être investi, Carles Puidgemont devra être physiquement présent.

Prendra-t-il ce risque ? Mis en examen pour rébellion, sédition et malversation, le président exilé sera arrêté dès qu'il posera un pied en Espagne. Chez ses soutiens, les avis divergent. David, par exemple, ne souhaite pas qu’il se risque au déplacement. "S'il vient, explique-t-il, ils le mettent directement en prison sans le droit à la parole. Il ne faut pas qu'il vienne. Ce serait mal pour l'Espagne et mal pour nous. C'est mieux qu'il reste en Belgique, qu'il laisse l'eau couler sous les ponts", estime-t-il.

Du côté de ses opposants, on trouvera Anibal qui pense, lui, que Carles Puigdemont doit rentrer. "Bien sûr qu'il doit revenir ! On l'attend à bras ouverts", assure-t-il, un brin défiant. "On va le recevoir en appliquant la loi. Il pense que grâce à son idéologie séparatiste, il a le droit de se mettre en marge de la loi. Nous on attend qu'il se soumette à la loi comme tous les citoyens", lance Anibal, qui espère bien que Carles Puigdemont, qui risque 30 ans de réclusion, sera emprisonné.

La sécurité renforcée, les égouts fouillés

Carles Puigdemont pourrait-il, d’ailleurs, franchir les portes du Parlement sans se faire arrêter ? La sécurité a été renforcée et le sujet, sensible, occupe beaucoup d’esprits. Entre intox et tension, difficile d'y voir clair. Carles Puigdemont ajoute au trouble en jouant les provocateurs. On l’a ainsi vu, lundi après-midi, publier sur les réseaux sociaux une photo d’une avenue proche du Parlement catalan avec cette légende "24h avant l'investiture".

Un responsable indépendantiste a ensuite condamné la présence de la police nationale près du Parlement, vu comme une "intimidation", selon lui. Deux camions de la police nationale sont stationnés sur place. Et les contrôles aux frontières ont été renforcés.

"Il est probable que nous examinions en détail les véhicules qui veulent accéder au Parlement, ainsi que toutes les personnes qui rentrent, explique Valentin Anédon, porte-parole de la police catalane. Des images de la police cherchant dans les égouts autour du Parlement ont également été diffusées la semaine dernière. Ces procédures sont habituelles et sont destinées à rechercher la présence éventuelle d’explosifs. Les médias indépendantistes catalans estiment, eux, que les égouts sont fouillés pour éviter que Puigdemont n'entre au Parlement par les sous-sols.

Pas de sortie de crise en vue

La sortie de crise paraît bien loin. Ou du moins, pointe l’impression que les choses tournent en rond. "Si on se focalise sur Puigdemont, le conflit va continuer, soupire Ivan Serrano, politologue. Mais, si le Parlement décide à la dernière minute de ne pas le présenter comme candidat à la présidence et d'en choisir un autre, on pourra former un nouveau gouvernement." L’hypothèse est cependant peu probable. Carles Puigdemont est plébiscité par les députés indépendantistes et est devenu un symbole en exil. S'il ne vient pas, la Catalogne aura encore deux mois pour trouver une solution, avant de convoquer de nouvelles élections, probablement au printemps.

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