Référendum en Catalogne : "Cette consultation ne remplit aucun critère pour être valable", selon l'ambassadeur d'Espagne en France
Fernando Carderera estime que le vote organisé dimanche par le gouvernement régional de Catalogne est "illégal". "On bafoue la Constitution, on bafoue les lois espagnoles, les lois catalanes", a-t-il insisté.
Le gouvernement régional de Catalogne organise dimanche 1er octobre un référendum d'autodétermination malgré l'opposition du gouvernement espagnol et du Tribunal constitutionnel qui l'a jugé contraire à la Constitution. "Le vote est illégal", a ajouté Fernando Carderera, l’ambassadeur d’Espagne en France. Avec ce référendum, "on bafoue la Constitution, on bafoue les lois espagnoles, les lois catalanes", a-t-il estimé.
franceinfo : Le vote aura-t-il lieu dimanche ?
Fernando Carderera : Il n’y aura pas de vote valide. Le vote est illégal, on le sait déjà. C’est un vrai coup contre la démocratie espagnole. On bafoue la Constitution, on bafoue les lois espagnoles, les lois catalanes. On ne respecte plus les décisions des tribunaux de justice. Les indépendantistes ne respectent même pas la majorité de la population catalane. L’un des problèmes qui se pose avec cette consultation, c’est que le gouvernement de la Catalogne ne représente pas la totalité de la population. Les indépendantistes ont séquestré l’ensemble de la Catalogne.
C’est pourtant le Parlement catalan qui a approuvé ce vote ?
Oui, mais dans des conditions terribles. Cela ressemblait plus à une assemblée du Venezuela qu’à un Parlement d’un pays européen. Ils n’ont pas respecté leur propre procédure, ni leurs propres lois. Le secrétaire général du Parlement n’a pas voulu signer les projets de textes, les conseillers juridiques du Parlement de la Catalogne n’ont pas eu droit à la parole pour dénoncer l’illégalité de ce qui allait se passer. Ils ont ignoré l’opposition. Ce n’est pas seulement le parti populaire au gouvernement, mais aussi le Parti socialiste qui rejette et considère comme illégal cette consultation. Ce vote a également été qualifié d’illégal par les tribunaux de justice. Il y a aussi un problème de détournement d’argent public. Il y a un gouvernement qui essaie de financer le referendum avec les impôts des Catalans. Il y a un problème de propagande. Des pressions ont été exercées par des fonctionnaires catalans, sur des responsables politiques. Il y a un problème de manipulation des enfants que l’on utilise pour coller des affiches disant que l’Espagne opprime et qu’il faut libérer la Catalogne.
Les forces de l’ordre vont-elles empêcher les gens d’aller voter ?
Cette consultation ne remplit aucun critère pour être valable. Le Conseil de l’Europe l’a déjà dit. Il n’y a ni bulletin de vote, ni liste électorale, ni personne qui certifie la validité des élections. Il y aura des urnes quelque part, des gens qui feront la queue pour voter, mais ça ne sera rien. On ne va pas empêcher ces gens de voter dans une urne sur une place. On va empêcher ce qui est interdit par la loi. Ce vote serait aussi interdit en France. Je vous rappelle qu’en Allemagne ou en Italie, on a défendu des référendums d’auto-détermination. Les tribunaux constitutionnels ont empêché ces votations. Le gouvernement de la Catalogne a empêché un référendum qui était déclaré illégal par le propre gouvernement régional. J’espère qu’il n’y aura pas de violence, mais cela peut arriver parce qu’il y a beaucoup de provocateurs.
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