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Etats-Unis : la Cour suprême écorne la discrimination positive

La Cour suprême américaine a porté ce mardi un nouveau coup à la discrimination positive aux Etats-Unis, un héritage du mouvement pour les droits civiques dans les années 1960. La plus haute juridiction du pays a validé une décision prise par référendum dans le Michigan qui interdit les quotas raciaux dans l'enseignement supérieur.
Article rédigé par Baptiste Schweitzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

Les électeurs ont tout à fait le droit d'interdire la
discrimination positive dans leur enseignement supérieur. C'est la Cour suprême
américaine qui le dit après avoir été saisie d'un dossier datant de 2006. Cette
année-là, un référendum organisé dans l'État du Michigan avait interdit de
prendre en considération la race ou le sexe pour l'admission dans les universités.
Bref, il avait aboli cette discrimination positive. Cette disposition est
conforme à la Constitution a affirmé ce mardi la plus haute juridiction du
pays.

Mais cette décision est
loin d'avoir fait l'unanimité au sein de la Cour.  Elle intervient après un long débat de cinq
mois. Six juges l'ont approuvée, deux s'y sont opposés et une juge s'est
récusée. L'une des deux juges opposées à cette mesure, Sonia Sotomayor,
d'origine portoricaine, a admis avoir elle-même bénéficié de la discrimination
positive pour intégrer la prestigieuse université de Princeton.

Mise en pièce d'un organe pour l'égalité

Sa collègue progressiste
Ruth Ginsburg a de son côté lancé un appel à la Cour estimant que : "La
décision d'aujourd'hui met en pièces un organe important de notre jurisprudence
pour l'égalité des droits
". Selon elle "la Constitution ne protège
pas les minorités raciales des défaites politiques. Mais elle ne donne pas non
plus à la majorité la liberté d'ériger des barrières sélectives contre les
minorités raciales
".

Pour le juge Anthony
Kennedy, l'auteur de la décision de la haute Cour, la question "n'est pas
de savoir si le débat sur les préférences raciales doit être résolu. Il s'agit
de savoir qui doit le résoudre"
. "La démocratie ne part pas du postulat que
certains sujets sont soit trop conflictuels soit trop profonds pour faire
l'objet d'un débat public
", justifie-t-il.

Au 60e anniversaire de la
décision "Brown v. Bard of Education" qui avait mis fin à la
ségrégation raciale dans l'éducation, "nous nous trouvons encore séparés
et inégaux, et le combat se joue à un niveau inéquitable
", regrette le président
de l'Association nationale pour l'Education, Dennis Van Roekel.

Vers un impact dans d'autres États ?

Cette décision n'est pas le premier revers  pour les droits des minorités. L'an dernier, la Haute Cour avait invalidé un monument de la lutte des droits
civiques des années 1960 à savoir une loi électorale mise en place pour
empêcher toute discrimination raciale dans les Etats au
passé ségrégationniste.

Cette nouvelle décision pourrait avoir un
impact dans plusieurs autres États d'autant que le Michigan était soutenu par
les États de l'Arizona, de l'Alabama, de la Géorgie, de l'Oklahoma et de la
Virginie occidentale.

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