Allemagne : la bactérie tueuse identifiée mais pas neutralisée
C’est là, derrière les murs de brique rouge de la clinique Eppendorf de Hambourg, en Allemagne, que le professeur Holger Rohde, aidé par un laboratoire chinois, a identifié l’ennemi. Il s’agit en fait de la combinaison de deux bactéries. Un alliage rare qui n’avait jamais provoqué d’épidémie. Et malheureusement dans ce mariage, le rejeton aurait tout ce qu’il y a de mauvais, c'est-à-dire la toxicité et la résistance aux traitements. Ce qui fait dire au chercheur allemand que cette bactérie est particulièrement agressive et que les antibiotiques ont bien du mal à la combattre. Dans les cas les plus graves, elle provoque des dégâts sérieux aux reins et la destruction des globules rouges.
Mais même si les scientifiques savent désormais à quoi ressemble l’ennemi, cela ne suffit pas à endiguer radicalement l’épidémie. Les traitements ne sont pas très efficaces et ce qu’il faut impérativement maintenant, c’est trouver comment les malades ont été infectés. Il y a forcément un point commun. Sans doute un aliment. Comme dans une enquête policière, les scientifiques cherchent à remonter la piste. Il y a des indices : la bactérie est identifiée et on sait qu’on la trouve normalement dans le tube digestif des ruminants. Cette version agressive pourrait donc venir de fumier qui aurait servi à faire pousser telle ou telle culture.
Ce sont en majorité des femmes âgées de 16 à 60 ans qui sont touchées. Un public qui statistiquement mange plus de crudités que le reste de la population.
Eviter légumes crus et salades
Le problème pour les limiers scientifiques, c’est qu’il faut que les malades se souviennent en détail de ce qu’ils ont mangé lors des dernières semaines. Et si possible qu’ils sachent d’où venaient ces aliments. La tâche est compliquée, presque impossible. Ce qui fait dire à certains chercheurs que l’épidémie pourrait s’éteindre avant même que l’on identifie la source.
Dans le doute, les autorités allemandes recommandent de ne pas manger de légumes crus et de salade. Des recommandations suivies dans le pays et en particulier à Hambourg, si l’on en croit la Fédération allemande des agriculteurs. Lesquels évaluent leur manque à gagner depuis le début de cette crise sanitaire à 30 millions d’euros par semaine.
Dans les rues de Hambourg, on est bien loin de la psychose ou de la terreur. Tout juste les gens concèdent-ils qu’ils mangent moins de crudités que d’habitude. Hier, dans la quiétude et sous le soleil d’un jour férié, cette jolie ville n’avait absolument pas l’allure d’un foyer d’épidémie mondiale. Pourtant, c’est bien ici que le nombre de cas est le plus élevé. C’est d’ici qu’est partie cette bactérie tueuse. Et d’ailleurs, hier encore derrière les murs en briques rouges de la clinique Eppendorf, une femme de 81 ans s’est éteinte, touchée par ce mal que les médecins n’arrivent pas à endiguer.
Richard Place, envoyé spécial de France Info à Hambourg
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