Cet article date de plus de dix ans.

Allemagne : les touristes allemands sont de retour

Champions des voyages à l’étranger, les Allemands passent de plus en plus leurs vacances dans leur pays. Lequel attire toujours plus de touristes du monde entier. Notamment grâce à Berlin.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
A Berlin, près du Reichstag, siège du Parlement allemand, le 15 avril 2013... (Rueters - Fabrizio Bensch)
«Nous observons ce phénomène depuis plusieurs années. Il a commencé» avec la tenue de la Coupe du monde de football en 2006 Outre-Rhin, indique l’institut allemand d’études de marché GfK. «Cet évènement crucial a fait apparaître l’Allemagne sous un jour totalement différent», commente l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT).

Sous un soleil le plus souvent radieux, les matchs joués dans 12 villes différentes ont alors contribué à faire découvrir un pays passionné de football. Pour la première fois depuis la chute du IIIe Reich, l’Allemagne, réunifiée depuis 1990, pouvait «afficher sans complexes un patriotisme (ne faisant) plus peur», selon L’Express, et agiter son drapeau naturellement, comme toutes les autres nations. Avec «une organisation sans faille», une «ambiance amicale», elle a su faire du Mondial «une fête». Un excellent moyen pour offrir «une image souriante». Ces dernières années, cette excellente image a sans doute été renforcée par les succès de l’économie allemande. Des succès tels que l’Etat fédéral affiche désormais un budget à l’équilibre pour la première fois depuis 1969…
 
En 2013, la barrière des 70 millions de nuitées de visiteurs étrangers a été franchie pour la première fois dans le pays (à 71,6 millions, soit une hausse de 4% par rapport à 2012), selon l'Office fédéral des statistiques. Pays de foires et de salons internationaux, comme celle de l'industrie à Hanovre (nord) au printemps, ou du livre à Francfort (centre) à l'automne,
l'Allemagne accueillait déjà depuis des décennies un nombre conséquent d'hommes d'affaires, venus du monde entier. Mais désormais, les étrangers y passent aussi leurs vacances.

Pour 2014, l'Office national allemand du tourisme (ONAT) table sur une progression de 1 à 3% du nombre de nuitées achetées par les visiteurs. Et «en 2020, nous considérons le chiffre de 80 millions de nuitées comme tout à fait réaliste», avance-t-on à l’ONAT. En 2012, l’Allemagne occupait le septième rang des pays les plus visités dans le monde. Loin, cependant, derrière la France, les USA, la Chine, l'Espagne et l'Italie, selon le classement de l'OMT.

L'église Sainte-Marie à Wittemberg, à côté de la place du Marché,le 28 octobre 2013. C'est dans cette ville que Luther a publié en 1517 ses «Quatre-vingt-quinze thèses», à l'origine de la Réforme. (AFP - Hendrik Schmidt)

Que visite-t-on en Allemagne ?
Véritable aimant à touristes, Berlin est devenu grâce à ses prix modiques un lieu prisé des jeunes fêtards. Y a peut-être aussi contribué sa réputation de capitale la plus marquée par les soubresauts de l'histoire européenne du XXe siècle: montée et chute du nazisme, puis partition de l'Europe durant la Guerre froide, avec la présence concrète du fameux (et sinistre) Mur. De plus, redevenue capitale d’un pays réunifié, la ville a bénéficié d’une rénovation en général bien menée.
              
En 2013, elle a inscrit un nouveau record de visiteurs: 11,3 millions, une hausse de 4,4% par rapport à 2012, selon l'office statistique local. Près de 40% des touristes qui ont visité Berlin venaient de l'étranger: Polonais (+19% : Berlin est à 70 km de la frontière polonaise), Russes (+14%) et Britanniques (+11%) affichant les plus fortes progressions. Côté français, 480.000 Français ont visité la cité du «petit ours» (symbole de la ville dont l’étymologie supposée en allemand, Bärlein, signifie… «petit ours»). 

Pour autant, la capitale de l’Allemagne réunifiée n’est pas l’unique destination des touristes. Le pays possède ainsi 38 sites classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO, des ruines de Trèves la romaine, à la cathédrale gothique de Cologne (très endommagée pendant la Seconde guerre mondiale) en passant par la vallée du Rhin (et le rocher de la Lorelei, cher au poète Heine), Weimar la classique et siège du Bauhaus, Wittenberg, ville de Luther… Les stations balnéaires de la mer du Nord et de la Baltique ainsi que les Alpes bavaroises comptent également parmi les destinations appréciées des visiteurs.
 
En ce qui concerne les Français, «ils choisissent les grandes villes : 42% des nuitées y sont réalisées», selon le site allemagneinfo.com : outre Berlin, ils aiment visiter Munich et Francfort. 

Le château de Neuschwanstein en Bavière, à 120 km au sud de Munich), le 15 août 2013), Il fut construit par le roi Louis II en 1869. (Reuters - Michael Dalder)

Les Allemands visitent leur pays. Mais pas que…
Quant au vacancier allemand, même s'il continue de fréquenter les plages ensoleillées du sud de l’Europe (et d’ailleurs), il apprécie de plus en plus son propre pays. Selon une étude de la GfK, près d'un séjour sur deux des Allemands (à partir d'une nuitée) en 2013 a eu lieu en Allemagne même. «Cela s'explique par des éléments conjoncturels, comme les troubles en Egypte, en Tunisie, qui ont dissuadé certains vacanciers, mais aussi par des éléments structurels: la population vieillit et rechigne à partir loin, préférant par exemple les cures à la découverte du monde», estime GfK.
 
De fait, le vieillissement de la population allemande est une réalité statistique, et un véritable talon d’Achille pour la patrie de Goethe. Mais le commentaire de l’organisme d’études de marché demande peut-être à être quelque peu pondéré...

Les Allemands comptent ainsi toujours parmi les tout premiers visiteurs en France. Et «bien qu'ils ne représentent en gros que 1% de la population mondiale», ils n’en sont pas moins «surreprésentés dans les revenus du tourisme et du voyage», constate Le Monde. En 2012, selon DRV, l’association représentant l’industrie du tourisme Outre-Rhin, deux tiers des 53,6 millions de voyageurs germaniques sont partis vers une destination étrangère. A titre d’exemple, la Tunisie espère accueillir 480.000 concitoyens d’Angela Merkel en 2014. Soit une hausse de 10% par rapport à 2013. Décidément, la Méditerranée a des charmes que la Baltique n’est peut-être pas encore en mesure d’offrir…

  (AFP - Robert Harding - James Emmerson)


Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.