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Allemagne : populaire, rudimentaire, peu chère... Il y a 30 ans, la dernière Trabant sortait d'usine

La Trabant a marqué toute une génération, elle est aujourd'hui souvent considérée comme symbolique de l'ancienne Allemagne de l'Est.

Article rédigé par Ludovic Piedtenu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La Trabant modèle P60. (LUDOVIC PIEDTENU / RADIO FRANCE)

C'est une voiture devenue icône. Symbole de l’ex-RDA (Allemagne de l’Est), la Trabant incarne, un peu plus de trente ans après la chute du mur de Berlin, cette voiture populaire, souvent l’objet à l’ouest de moqueries pour son design et son confort rudimentaire. La dernière Trabant est sortie des chaînes de production de Zwickau en Saxe à 300 kilomètres au sud de Berlin, il y a très exactement 30 ans jour pour jour, le 30 avril 1991. C'était la fin de l’aventure. Mais pas pour des milliers de collectionneurs.

La Trabant a toujours aujourd’hui une place à part dans le cœur des Allemands, surtout ceux de l'Est, qui ont grandi avec. Quand ils étaient privés de liberté, la première Trabant sortie d’usine en 1957 permettait au moins de prendre la clé des champs, dans les limites autorisées, puisque les voyages étaient interdits par le régime.

"Au moins, tout le monde pouvait la réparer. Si par exemple la courroie de transmission en caoutchouc se cassait, un bas en nylon ou une cravate faisait l’affaire."

Andreas Ludwig, historien

à franceinfo

"Le mythe vient aussi du fait que la Trabant a beaucoup été moquée, avec sa carrosserie en duroplast, en plastique, on disait que c’était une voiture en carton", souligne l'historien Andreas Ludwig, l'un des meilleurs spécialistes des objets de l’ex- RDA, qu'il étudie au centre d'histoire de l'après-guerre de Potsdam.

Pratique et populaire, la Trabant savait aussi se faire désirer

"C’était la seule voiture qu’un travailleur pouvait s’offrir, elle n’était pas si chère, mais il fallait attendre longtemps avant de l’avoir, environ 10 à 12 ans après la commande, poursuit Andreas Ludwig. Cela créait une attente et une excitation si bien que les Trabant d’occasion devenaient rapidement plus chères qu’une neuve, parce qu’on pouvait l’acheter tout de suite."

Sous le capot d'une Trabant P601. (LUDOVIC PIEDTENU / RADIO FRANCE)

Ce délai de livraison est même à l’origine d’un phénomène dans de nombreuses familles est-allemandes : la voiture devient alors un cadeau de naissance, que l’enfant conduira à ses 18 ans. Comparable à la Renault 4 en France, quoique moins puissante, la Trabant est montée avec un moteur à deux temps des années 30, très bruyant et polluant. Vitesse maximale : 100 ou 110 km/h.

Hajo Koch possède deux Trabant dans son garage du quartier de Köpenick, à Berlin. Deux modèles, une P60 (construite entre 1962 et 1964) de 23 chevaux et celle de son père, la P601 de 26 chevaux, le modèle le plus répandu, construit de 1964 jusqu’à la quasi fermeture de l’usine en 1991. Elles sont l’une derrière l’autre, avec les clés en permanence sur le tableau de bord, à côté d’un vieux billet de 5 marks de la RDA. Pas de risque de vol, "il faut savoir la démarrer", assure le collectionneur.

Hajo Koch possède deux Trabant. (LUDOVIC PIEDTENU / RADIO FRANCE)

Au volant, Hajo Koch raconte ses souvenirs : "On allait au bord de la mer Baltique, ça nous prenait quatre ou cinq heures depuis Berlin. Pour nous, à l’époque de la RDA, cette voiture c’était la liberté, on pouvait rouler et on est allés partout où on pouvait. On accrochait la remorque, on y mettait nos affaires et puis on allait camper, les week-end et les vacances, pour moi c’était et c’est encore ce qu’il y a de mieux !" En 34 ans, il sera produit un peu plus de trois millions de Trabant.
Il en reste aujourd’hui officiellement en circulation 35 000 en Allemagne.

Il y a 30 ans, la dernière Trabant sortait d'usine - le reportage de Ludovic Piedtenu

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