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Berlin : des heurts après l'évacuation de l'immeuble "Liebig34", l'un des derniers vestiges libertaires de la capitale allemande

Les forces de l'ordre ont sorti vendredi matin les militants un à un, sous les huées de quelques centaines de manifestants. Ils étaient venus témoigner leur soutien à ce lieu symbole du Berlin "pauvre mais sexy".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des policiers se tiennent à l'entrée de l'immeuble "Liebig 34", après son expulsion, à Berlin (Allemagne), le 9 octobre 2020. (FABIAN SOMMER / DPA / AFP)

"Défendre les espaces libres, rester à l'offensive." Avec ce mot d'ordre, plusieurs centaines de personnes ont manifesté, vendredi 9 octobre au soir, dans le centre de Berlin pour protester contre l'évacuation de l'immeuble "Liebig34", l'un des derniers vestiges libertaires de la capitale. Cet espace "anarcho-queer-féministe", à la façade couverte de graffitis et de banderoles, offrait depuis 1999 un refuge à une quarantaine de femmes, personnes trans et intersexes. Un bar et un centre culturel autogérés permettaient au collectif de récolter une partie des montants nécessaires pour acquitter le loyer de cet ex-squat.

Les manifestants, dont de nombreux masqués et vêtus de noir, ont défilé sous une pluie battante dans la soirée depuis le quartier central de Mitte. Des vitrines de magasins et des voitures ont été incendiées, selon la police, précisant que des agents avaient essuyé des jets de bouteille. Des pétards et feux d'artifices ont aussi été tirés dans des rues du centre, entourées d'une épaisse fumée. Un arrêt de bus a été détruit. La police de Berlin a annoncé le déploiement de 1 900 agents, en tenue anti-émeute, pour contenir cette manifestation. 

La quarantaine de locataires encore barricadés dans cet espace militant de l'est de la ville avait quitté dans la matinée les lieux dans un calme relatif, loin des combats de rue redoutés par les autorités qui ont connu dans les années 1990 des expulsions houleuses, où policiers et autonomes s'affrontaient parfois durant des jours.

La pression immobilière pointée du doigt

Quelque 1 500 policiers étaient mobilisés depuis l'aube, certains cagoulés et postés sur les toits du bâtiment et des alentours, aidés d'engins lanceurs d'eau, sous la supervision d'un hélicoptère. Le quartier de Friedrichshain, où se trouve l'immeuble "Liebig34", était bouclé depuis plusieurs jours.

Les forces de l'ordre avaient sorti dans la matinée les militants un à un, sous les huées de quelques centaines de manifestants. Ils étaient venus témoigner leur soutien à ce lieu symbole du Berlin "pauvre mais sexy", slogan des années 2000 forgé pour la capitale européenne des cultures alternatives.

"Laissez les logements à ceux qui en ont besoin", "Tous ensemble contre l'évacuation" ou encore "Ce n'est pas parce que c'est légal que c'est légitime", pouvait-on entendre dans la foule. Après la chute du Mur en 1989, des pâtés de maisons entiers, laissés à l'abandon à l'est de la capitale, ont été investis par des étudiants, jeunes créatifs, artistes ou des militants venus de Berlin-Ouest. Certaines occupations ont ensuite été légalisées. Sous la pression immobilière, nombre de ces repaires alternatifs ont disparu ces dernières années, ravissant à Berlin une partie de son identité bohème et branchée.

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