Frauke Petry (Alternative für Deutschland): la Marine Le Pen allemande?

«La force des partis établis s'effrite, la CDU et le SPD régressent clairement», s'est félicité la présidente de l'AfD, Frauke Petry, voyant les partis classiques souffrir lors des élections partielles, à cause notamment des questions migratoires, sur lesquelles elle joue avec succès.

Cette brune aux cheveux courts et à l'allure juvénile, présidente de l’AfD depuis l’été 2015 a clairement réorienté son parti, jusque là essentiellement anti-européen, sur les questions de l’immigration. En pleine crise des réfugiés et après les incidents de Cologne, son discours prend. Surtout qu’elle n’hésite pas à provoquer, à la façon d'un Le Pen en France, allant jusqu'à justifier de tirer sur les réfugiés.

Sens de la provocation et anti-immigration
En cas d’urgence, a assuré la cheffe de l’AFD, la police «doit pouvoir faire usage des armes» pour arrêter les réfugiés à la frontière, n’a-t-elle pas hésité à dire.  Une phrase qui a fait la Une des médias allemands et a concentré les critiques : «Il y a de quoi douter que l'AfD respecte les principes de la démocratie», s'est emporté le vice-chancelier Sigmar Gabriel. Un tir de barrage toujours bon pour un parti qui cherche la lumière. «La crise des réfugiés est un cadeau pour l'AfD», s'est réjoui en décembre l'un des vice-présidents du mouvement, Alexander Gauland.

Mais qui est cette femme qui dirige l’AfD et est en train d'en faire le troisième parti d’Allemagne, derrière les incontournables CDU de Merkel et le SPD (socialistes) ?



Frauke Petry, née Marquardt, vient d’Allemagne de l’Est où elle a vu le jour en 1975. Elle a grandi à Dresde dans une famille de cadres, mère chimiste et père ingénieur. A la chute du mur, la famille s’installe à l’Ouest, dans la Ruhr. 

Son air sérieux vient de loin. Excellente élève, elle épouse un de ses condisciples, devenu pasteur, avec qui elle a quatre enfants et dont elle est séparée depuis. «Après un parcours scolaire sans faute et des études de chimie, Frauke Petry crée avec sa mère une PME familiale fabriquant des pneus en Saxe et distinguée par de nombreux prix avant la faillite de 2007», raconte Libération.

Une idéologie fluctuante
Idéologiquement, Frauke Petry se montre fluctuante. Elle a un temps envisagé de rejoindre la CDU, le parti conservateur d’Angela Merkel, elle aussi originaire d’Allemagne de l’Est. Mais elle a choisi d'adhérer à l’AfD dès sa création en 2013, alors un petit parti anti-européen et anti-euro qui progresse dans l'opinion. Elle en a pris la tête en 2015 et devrait pouvoir entrer au Bundestag lors des élections fédérales de 2017. 

De ce petit parti de droite, elle en fait une machine de guerre anti-immigration. «Son fondateur, Bernd Lucke, a même claqué la porte du parti cet été, mis en minorité par Frauke Petry, encore plus à droite, et qui fait de la lutte contre l’accueil des réfugiés son cheval de bataille», indiquait Le Monde en octobre 2015. La ligne de la nouvelle présidente du parti a obtenu un gros score, réunissant 60% des voix des militants sur son nom..

Lors du congrès du parti, elle demanda la démission d'Angela Merkel pour avoir ouvert en septembre les frontières allemandes aux migrants et réfugiés.  «Démissionne, Merkel, tu peux le faire», a lancé Frauke Petry en détournant le «Wir schaffen das» (Nous pouvons le faire) lancé par la chancelière à ceux qui doutaient que l'Allemagne pouvait accueillir ces migrants. Enfonçant le clou sur ce thème, après les incidents de Cologne, la très sage Frauke Petry avait lancé «est-ce que l'Allemagne est suffisamment ouverte sur le monde et multicolore pour vous, Madame Merkel ?"».