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Jeroen Dijsselbloem, le patron de l'Eurogroupe dans la tourmente

Jeroen Dijsselbloem s'est fait rapidement connaître. Ce Néerlandais de 46 ans venait d’être nommé à la tête de l'Eurogroupe, les 17 pays de la zone euro, quand la crise de Chypre est arrivée sur la table. Portrait d'un homme dans la tempête.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
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Jeroen Dijsselbloem (au centre). Le nouveau patron de l'Eurogroupe au centre des critiques. (AFP/GEORGES GOBET / AFP)

A cette occasion, Jeroen Dijsselbloem a, pour certains, accumulé les gaffes. «Le plan de sauvetage de Chypre pourrait faire école pour d’autres pays de la zone euro en proie à des difficulté financières», avait -t-il notamment déclaré après la décision de l’Eurogroupe de ponctionner les comptes bancaires chypriotes. Une phrase qui a jeté le doute sur les marchés financiers et a été peu appréciée dans les pays en difficulté, comme l’Espagne, qui craignent plus que tout les phénomènes de panique bancaire. «Chypre est un cas spécifique. Le programme (de sauvetage, NDLR) a été élaboré sur mesure et n’a pas vocation à être réutilisé», avait il dû précipitamment corriger sur son compte twitter.

«Jeroen Dijsselbloem est bien la catastrophe annoncée»
Déjà, le 16 mars, le président de l’Eurogroupe avait expliqué ne pas «avoir tranché» sur le sort de l'épargne en Italie et en Espagne. Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires monétaires, avait alors dû redresser la barre.

Sur Alphaville, le blog financier du Financial Times, les sorties de Jeroen Dijsselbloem sont jugées rédhibitoires. Elles devraient lui coûter son poste de patron de l’Eurogroupe, juge ainsi Paul Murphy, le journaliste blogueur du journal financier. Pour Jean Quatremer, le correspondant du quotidien français Libération à Bruxelles, très actif sur Twitter, ces erreurs de communication à répétition prouvent que «Jeroen Dijsselbloem est bien la catastrophe annoncée», rappelait France 24.

«Il ne connaît rien à l'économie»
Jeroen René Victor Anton Dijsselbloem était un inconnu lors de sa nomination début 2013. Ce Néerlandais, né le 29 mars 1966 à Eindhoven (précise son CV sur le site du gouvernement néerlandais), est diplômé d'économie en agriculture de l'université de Wageningen. Il a fait sa carrière au sein du groupe travailliste néerlandais (conseiller, puis élu) et est devenu ministre des Finances de son pays en novembre 2012.

M.Dijsselbloem a remplacé le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Une succession difficile puisque ce dernier a dû rester un an de plus à la tête de l’Eurogroupe avant que ses 17 membres ne se mettent d’accord sur un nom. Les pays membres se sont finalement accordés sur celui de ce Néerlandais, proposé par l’Allemagne qui avait tenté en vain de placer son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, à la tête de l’Eurogroupe. «Un choix qui n'a guère enthousiasmé les Français. Mais la faiblesse de Paris est telle aujourd'hui en Europe que, tout en traînant des pieds, il a bien fallu que Bercy cède», a écrit La Tribune lors de cette nomination.

Les Echos décrivent alors cet inconnu dans la maison Europe comme «intelligent» et «posé», relevant «un seul bémol» : «Il ne connaît rien à l'économie !» De son côté, La Tribune le traitait de «politicien d'envergure plutôt régionale, apparatchik du parti travailliste néerlandais et diplômé de politique agraire». 

Une nomination de compromis
«La seule vraie qualité de Jeroen Dijsselbloem, c'est d'être néerlandais. Une qualité suffisante pour en faire le candidat de Berlin et, in fine, le président de l'Eurogroupe. C'est que le gouvernement des Pays-Bas, dirigé par le très orthodoxe libéral Mark Rutte, est un des plus fermes soutiens à la politique européenne allemande», expliquait encore La Tribune dans un article au titre prémonitoire pour certains: «Pourquoi la nomination de Jeroen Dijsselbloem est inquiétante».
 
Lors de sa nomination, il avait tenu un discours des plus classiques: «Notre attention doit se déplacer de la crise de la dette vers la conception et la mise en place de politiques saines à moyen terme.»
 
Les dernières déclarations de Jeroen Dijsselbloem ont montré qu’il savait ne pas utiliser que la langue de bois. Pas forcément avec le meilleur effet.

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