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"On est trop dépendant, comment est-ce possible ?" : en Bavière, les habitants font face à la flambée des prix du gaz russe

La Bavière est l'un des Länder allemands les plus dépendants du gaz russe. Avec la flambée des prix, les habitants se retrouvent obligés de faire des économies et de trouver d'autres fournisseurs d'énergie.

Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le service clientèle de SWA, principal fournisseur d’énergie à Augsbourg en Bavière. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

L'appartement est un modeste trois pièces dans le quartier de l'université d'Augsbourg, ville de 300 000 habitants à une heure de route de Munich, en Bavière. C'est là que vit Erika, 72 ans : cette ancienne vendeuse de prêt-à-porter, qui se chauffe au gaz comme le reste de l'immeuble, a reçu il y a quelques jours un courrier de son fournisseur. "A partir du 1ᵉʳ octobre, ils vont multiplier les prix par trois. Ça passe à 450 euros par mois. Vous avez bien entendu : 450 euros ! C'est une catastrophe car j'ai une toute petite retraite", s'alarme la retraitée.

Erika, 72 ans, habitante d’Augsbourg. Son fournisseur de gaz lui annonce des tarifs multipliés par trois. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

L'Allemagne, très dépendante du gaz russe, prend de plein fouet la hausse des prix dûe à la guerre en Ukraine. En Bavière, au sud du pays, 90% du gaz provenait de Russie : une dépendance bien plus forte que les autre Länder qui faisait autrefois sa prospérité et qui fragilise désormais son économie. Pour répondre aux inquiétudes, le fournisseur local SWA, qui détient 75% du marché du gaz dans la ville, a ouvert un centre d'accueil qui ne désemplit pas. Le groupe a déjà augmenté ses tarifs, mais pour les clients, le pire est à venir, avertit Jürgen Fergg, le porte-parole. 

"Quand il y a moins de gaz russe, alors les prix augmentent de plus en plus. Les clients n'ont pas encore subi de plein fouet les hausses. Ils doivent s'attendre en janvier à devoir payer quatre fois plus que ce qu'ils ont payé un an plus tôt."

Jürgen Fergg, porte-parole de SWA

à franceinfo

Le fournisseur de gaz encourage donc ses clients à réduire leur consommation : "Nous encourageons les consommateurs à économiser le gaz autant qu'ils le peuvent, à baisser le chauffage, à prendre des douches plutôt que des bains."

Plusieurs villes de Bavière ont déjà réduit l'éclairage public et la température des piscines pour économiser l'énergie. L'université d'Augsbourg va fermer ses portes deux semaines plus tôt que prévu, à Noël. Les Bavarois mettent eux aussi en application les conseils donnés, comme Josef, 67 ans. "J'économise là où je peux. A la maison, j'ai baissé le chauffage à 17, 18 degrés, je mets des pulls, liste-t-il. On doit soutenir les Ukrainiens, peu importe ce que ça entaîne : Poutine ne doit pas gagner la guerre. Mais on est trop dépendant du gaz russe. Comment est-ce possible ? Pendant vingt ans, le gouvernement s'est endormi, il s'est seulement préoccupé d'avoir du gaz bon marché, sans s'inquiéter du futur."

Josef, 67 ans, juge que les autorités n’auraient pas dû rendre l’Allemagne si dépendante du gaz russe. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

La crise a en tout cas fait réagir la classe politique, qui fait la promotion des autres sources d'énergie comme la biomasse, la géothermie, le solaire et l'éolien. Cette année, la Bavière, comme le reste du pays, devrait pouvoir affronter la saison froide. Les stocks de gaz sont remplis à plus de 80%, mais c'est l'hiver suivant qui inquiète les experts en énergie.

En Bavière, les habitants font face à la flambée des prix du gaz russe - Un reportage de Sébastien Baer

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