"On ne trouve pas les mots" : la ville d'Hanau se recueille après le double attentat qui a fait neuf morts
Des rassemblements ont eu lieu jeudi soir dans une cinquantaine de villes d'Allemagne et notamment à Hanau où l'émotion est forte après les attentats qui ont fait neuf morts.
"Le racisme est partout ici", crie un homme qui interpelle le président allemand. Frank Walter Steinmeier vient de terminer son discours devant 5 000 personnes rassemblées jeudi 20 février sur la place du marché, en plein centre-ville d'Hanau. C'est dans cette ville proche de Francfort qu'un homme de 43 ans a tué neuf personnes d’origine étrangère en lançant l’assaut mercredi soir sur deux bars à chicha, avant d'être retrouvé mort à son domicile.
Les familles des victimes tiennent entre les mains le portrait de leurs proches disparus. Régulièrement, les gens s’étreignent et se soutiennent. Ingrid explique qu’elle ne se sent pas bien, qu’elle a du mal à comprendre ce qui s’est passé.
Comment un homme peut-il avoir autant de haine ?
Ingridà franceinfo
Chacun dépose une bougie, des fleurs, ou un dessin. Parmi eux, deux enfants venus avec leur père Heikel arrivé de Tunisie il y a 20 ans. Il était dans le premier bar à chicha attaqué mercredi soir. "Je suis parti et après j'ai entendu ce qui s'est passé, explique le père de famille. C’est vraiment horrible. Des choses comme ça, c'est de la folie. On ne trouve pas les mots." Un vieil homme apparaît sur la place, le dos courbé, il peine à se relever après avoir déposé sa bougie au sol. "C’est très mal, ce n’était que des jeunes gens", répète-t-il.
Faire face à la haine et au racisme
On entend des pleurs, parfois des cris briser le silence lourd de cette foule compacte qui se recueille et qui essaie de faire face, ensemble, à la haine, au racisme et à cette recrudescence des actes de violences commis contre tel ou tel groupe de citoyens en raison de leur origine, de leur couleur de peau ou de leur religion. C’est ce qu’il y a de commun dans ce combat, estime un responsable local de la communauté juive qui est venu se recueillir : "C’était très important pour moi d’être ici [à Hanau], pour dire ce que l’on a de commun, être là pour les familles et pour ma communauté en tant que juif."
J’ai rencontré beaucoup de musulmans ici, ils sont comme nous les juifs, la cible de cet extrémisme de droite que nous devons tous ensemble combattre.
Un responsable local de la communauté juiveà franceinfo
Vendredi matin, la plupart des quotidiens allemands mettent en avant non pas le tueur mais les victimes. "L’Allemagne vous pleure !" titre par exemple le très populaire quotidien BILD avec ces neuf visages âgées environ de 20 à 40 ans parmi lesquels cinq citoyens turcs, un Roumain, un Bosnien.
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