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"Qu'est-ce qu'ils viennent foutre chez nous ?" : l'indignation d'un ancien maire face aux soirées de néo-nazis allemands de ce côté de la frontière

En Alsace et en Lorraine, plusieurs villages voient se multiplier les réunions de néo-nazis allemands, qui passent la frontière pour se réunir le temps d'une soirée, sous couvert d'anniversaire ou de concert privé.

Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Alsace
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un hangar à Lengelsheim en Moselle où ont eu lieu des concerts organisés par des néo-nazis allemands en 2017. (OLIVIER VOGEL / FRANCE BLEU ALSACE / RADIO FRANCE)

Des néo-nazis allemands et autres nostalgiques du IIIe Reich qui traversent la frontière pour se réunir côté français, en Alsace et en Lorraine : c'est le constat que dresse France Bleu Alsace, qui a enquêté en Moselle, notamment. Plusieurs villages frontaliers voient ainsi régulièrement des concerts ou des soirées d'anniversaires organisées chez elles. 

Ainsi, deux week-ends de suite, en février 2017, le village de Lengelsheim (Moselle) avait vu débarquer plusieurs centaines d'individus, crânes rasés et tatouages de guerre. L'ancien maire, Ernest Leichtnam, habite à côté du local où s'est tenue les rassemblements. Et il est encore très remonté.

Qu'est-ce qu'ils viennent foutre chez nous ? Ils n'ont qu'à faire leur tapage de l'autre côté et nous foutre la paix !

Ernest Leichtnam, ancien maire de Lengelsheim

France Bleu Alsace

Le maire actuel de Lengelsheim, Michel Behr, se souvient s'être adressé à l'organisateur, une figure du NPD, le parti ultranationaliste allemand dont les idées flirtent avec le néo-nazisme. "Il m'a dit : 'c'est une soirée d'anniversaire'", raconte-t-il à France Bleu Alsace, à qui il confie s'être senti bien seul. La préfecture, alertée, n'avait rien trouvé à redire à cette soirée privée.

Les 130 ans de leur "papy préféré", Adolf Hitler

Dans le même secteur, à Volmunster, une stèle à la gloire d'une division SS, la 17e division SS Panzergrenadier, avait été érigée devant un terrain propriété des néo-nazis de la mouvance Hammerskin. La stèle découverte en janvier 2018 a depuis été démontée. Cette division "Götz von Berlichingen" a massacré 124 personnes, dont 50 enfants, le 25 août 1944 à Maillé (Indre-et-Loire).

Et le 20 avril dernier, date de la naissance d'Adolf Hitler, une centaine de néo-nazis se sont donné rendez-vous à Sexey-aux-Forges, près de Nancy, pour "fêter les 130 ans de notre papy préféré", comme indiqué sur leur invitation Facebook. Street Press, qui a enquêté sur cette soirée d'anniversaire, raconte : "Ce samedi 20 avril 2019 au soir, le maire de Sexey-aux-Forges célèbre Pâques en famille. Vers 20h30, le téléphone sonne. C’est la gendarmerie. Patrick Potts apprend que sa salle polyvalente est occupée par une centaine de néonazis".

Interrogé par France Bleu Alsace, le politologue Uwe Albrecht, membre du réseau contre l'extrémisme de droite en pays de Sarre, explique qu'en France, "les néo-nazis ne sont plus sous le périmètre de surveillance de la police allemande. S'il viennent aussi souvent organiser leurs soirées, côté français, c'est lié aux poursuites pénales dont ils sont l'objet en Allemagne".

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