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Un crucifix dans chaque bâtiment public en Bavière : une obligation qui divise l'Allemagne

La Bavière veut imposer un crucifix dans les halls d'entrée de ses bâtiments publics, à partir du 1er juin. Le choix des conservateurs de la CSU qui dirigent cette région du sud de l'Allemagne fait polémique dans tout le pays. 

Article rédigé par Cyril Sauvageot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des croix en Bavière à Fishambach (illustration). (MAXPPP)

La Bavière a décidé d’imposer la présence d’une croix chrétienne dans l’entrée de tous les bâtiments publics, à compter du 1er juin. Pour les conservateurs de la CSU qui dirigent la région, il s’agit d’une "reconnaissance des racines chrétiennes" de la Bavière, mais la décision fait polémique, localement et sur tout le territoire, y compris au sein de l’Église.

Un affichage de "la culture chrétienne" peu apprécié

Aucune trace d’un quelconque crucifix n'apparaît dans le hall de la mairie de Ratisbonne. Dans cette ville pourtant très religieuse de Bavière, les autorités locales ne semblent pas pressées d’appliquer la nouvelle réglementation. Peu d'administrés défendent la décision du président de région, Markus Söder. Une habitante tente de faire la part des choses. "Nous autres Bavarois sommes imprégnés de culture chrétienne, et beaucoup sont attachés au symbole que représente la croix, dit-elle, mais je ne pense pas que ce soit nécessaire dans les bâtiments publics." Un voisin a un avis plus tranché.

Ce n’est qu’une manœuvre populiste pour tenter de marquer des points en vue des régionales qui ont lieu à l’automne.

Un Bavarois de Ratisbonne

à franceinfo

À l’université de Ratisbonne, des étudiants ont lancé une pétition en ligne qui a recueilli plus de 50 000 signatures. Tarek Carls, jeune militant du parti libéral, leur porte-parole, n'a pas apprécié les réactions venues du camp conservateur. "Le secrétaire général de la CSU nous a traité d’ennemis de la religion parce que nous ne sommes pas d’accord, affirme l'étudiant, mais cela n’a rien à voir avec un combat pour ou contre la religion." Tarek Carls place ailleurs le débat : "Nous ne faisons que défendre les valeurs fondamentales de l’université : l’unité, la tolérance, la diversité." 

La croix en débat au sein de l'Église

Plus gênant pour les conservateurs qui dirigent la région, des responsables religieux ont publiquement exprimé leur désaccord. À commencer par le cardinal Marx, l’archevêque de Munich, qui y voit un risque de "division de la société". En réponse, une centaine de théologiens ont signé une tribune pour défendre le projet. Parmi les signataires, le professeur Sigmund Bonk, affirme que "la présence du crucifix est quelque chose de tout à fait normale en Bavière". Cela n’a rien d’une provocation, poursuit-il, indiquant qu'il y a en a partout : dans les restaurants, au bord des chemins.

Mais le fait d’afficher une croix dans les bâtiments publics a plus de poids. Je crois que le gouvernement régional a conscience de cette tradition, et qu’il veut l’entretenir en en faisant un symbole.

Sigmund Bonk, théologien

à franceinfo

Depuis le tollé provoqué dans toute l’Allemagne par son annonce du 24 avril dernier, Markus Söder et la CSU, semblent quelque peu embarrassés. Le Land de Bavière a même mis de l’eau dans son vin en annonçant qu’il n’effectuera aucun contrôle dans les administrations, pour vérifier la bonne mise en place des crucifix. 

Des crucifix imposés dans les bâtiments publics en Bavière : un reportage de Cyril Sauvageot

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