Attentat de Berlin : "L'État islamique ne revendiquerait pas, s’il n’était pas sûr de son homme"
Le groupe État islamique a revendiqué l'attentat de Berlin, mardi soir. Même si l'assaillant est toujours en fuite, cette revendication est "crédible" pour Wassim Nasr, journaliste et spécialiste de l'islamisme.
L’enquête se poursuit mercredi 21 décembre pour retrouver l’auteur de l’attaque terroriste sur un marché de Noël de Berlin, lundi. Mardi soir, l'attentat était revendiqué par le groupe État islamique (EI). "Si l'EI revendique, c'est qu'il y a un lien, aussi distendu soit-il", estime Wassim Nasr, journaliste à France 24, spécialiste de l’islamisme et auteur du livre État islamique, le fait accompli.
franceinfo : La revendication du groupe État islamique est-elle crédible, alors que l'assaillant est toujours en fuite ?
Wassim Nasr : La revendication est crédible, car les jihadistes de l’État islamique ne se sont jamais aventurés à revendiquer quoi que ce soit sans que ce soit de leur fait. Ils ne font pas de revendication par opportunisme. En Afghanistan, il est arrivé qu'un attentat soit revendiqué par les talibans, puis par l'EI : il s'est avéré finalement que l'EI avait les preuves qu'il était à l'origine de l'attentat.
Le fait de revendiquer l'attaque, alors que le tueur est toujours dans la nature, peut paraître inédit. Mais il y a un précédent. En octobre, l'État islamique a revendiqué un assassinat à Hambourg, sans que le tueur ne soit arrêté. Ce n'est jamais arrivé dans d'autres cas. Est-ce que c’est le même tueur qui a sévi à Hambourg et à Berlin ? L'enquête nous le dira peut-être.
Doit-on craindre que cet assaillant mène une nouvelle attaque ?
Oui. Si les jihadistes de l'État islamique revendiquent l'attaque, alors que l’assaillant est toujours vivant, c’est que cette personne est déterminée à aller jusqu’au bout, à mourir, ou bien que l'EI est déterminé à le pousser jusqu’au bout, en ne lui laissant pas le choix. La théorie du "loup solitaire" ne tient pas. Dans les affaires de terrorisme, il y a toujours des contacts et des complicités.
Quelle est l'étendue du soutien logistique de l'assaillant ? On ne le sait pas. Mais si l’État islamique revendique, c’est qu’il y a un lien, aussi distendu soit-il. Ce lien est peut être virtuel. Mais l'EI ne revendiquerait pas l'attentat, s’il n’était pas sûr de son homme.
Ça vous a surpris que l’Allemagne soit attaquée ?
L’Allemagne fait partie des cibles. Le pays participe à l’effort de la coalition en Irak, en envoyant des avions de surveillance et en entraînant les peshmergas kurdes. N'oublions pas qu'il a été l’un des premiers pays à envoyer des armes et des munitions aux peshmergas. Mais l’Allemagne n’est pas plus ciblée que d’autres pays. Je pense malheureusement que la France reste en tête de liste.
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