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Berlusconi "amer" de quitter le pouvoir sous les huées des Italiens

Le Cavaliere a démissionné sous les huées et les insultes de milliers d'Italiens, samedi soir.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des Italiens célèbrent le départ de Silvio Berlusconi, samedi 12 novembre à Rome. (GABRIEL BOUYS / AFP PHOTO)

"Bouffon !", "mafieux !"... C'est sous les huées et les insultes de milliers d'Italiens rassemblés devant le palais du Quirinal que Silvio Berlusconi a quitté la présidence du Conseil, samedi 12 novembre. Accusé d'avoir miné la crédibilité de son pays, le magnat des médias, 75 ans, a remis sa démission après l'adoption par le Parlement de mesures économiques destinées à rassurer les marchés et ses partenaires internationaux.

Cette démission a été acceptée par le président de la République Giorgio Napolitano qui devrait, sauf énorme surprise, nommer dimanche à sa place l'ancien commissaire européen Mario Monti, 68 ans.

Comble de l'humiliation, le Cavaliere a dû quitter le palais présidentiel du Quirinal par une porte dérobée, alors que devant l'entrée principale des manifestants applaudissaient et hurlaient de joie en criant "bouffon, bouffon !". Il avait été accueilli moins d'une heure plus tôt aux cris de "va te faire f...", "mafieux !", "honte !", "prison !" "c'est fini !"... ou encore "primavera, primavera" (printemps ! printemps !), dans une allusion aux révolutions arabes qui ont renversé des dictateurs.

A des proches, Silvio Berlusconi a confié dans la soirée sa "profonde amertume" de quitter le pouvoir de la sorte, selon l'agence italienne Ansa.

Concert de klaxons dans les rues de Rome

Peu avant minuit, les klaxons continuaient à résonner dans la capitale, où des Romains de tous âges sautaient et faisaient des farandoles dans une atmosphère bon enfant, digne d'un succès des Azzurri - l'équipe de foot italienne - à la coupe du Monde.

Dès l'après-midi, une foule avait envahi divers symboles du pouvoir à Rome aux cris de "démission, démission". Certains brandissaient des drapeaux italiens tricolores, d'autres arboraient des pancartes "Bye-bye Silvio !", "Disparais !" et "Enfin !". Sur la place du Quirinal, où se trouve le palais présidentiel, un orchestre improvisé, dont les musiciens et choeurs s'étaient retrouvés sur internet, avait plus pacifiquement entonné un bel Alleluia de Haendel.

"Aujourd'hui, nous sommes ici parce que nous sommes très, très heureux que Berlusconi, finalement, rentre chez lui ! Qu'il retourne à la maison !", déclarait une manifestante au milieu d'un concert de sifflets. "Ciao, et surtout, ne reviens pas !", lançait un autre.

Formation d'une coalition

A Rome, tout se joue pour quelques heures encore au Quirinal, où le président Giorgio Napolitano a appelé les forces politiques à "agir avec responsabilité", tandis que le gouvernement sortant est chargé d'expédier les affaires courantes.

Le chef de l'Etat va passer toute la journée de dimanche à consulter l'ensemble des formations politiques du pays. La nomination très probable de Mario Monti au poste de président du Conseil ne devrait donc pas intervenir avant la soirée de dimanche, voire lundi. Car des tractations difficiles sont à attendre, alors qu'une partie de l'actuelle majorité renâcle à soutenir un gouvernement de transition ouvert à l'opposition et réclame des élections anticipées.

Et Silvio Berlusconi, qui a pourtant apporté son soutien à Mario Monti et l'a reçu pendant deux heures à déjeuner samedi, n'a pas perdu la volonté de se battre : "Nous sommes en mesure de débrancher la prise quand nous voulons", a-t-il confié à ses proches. Dimanche, il allait plus loin, disant "espérer reprendre le chemin du gouvernement".

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