Françoise Grossetête, l'Europe doit faire plus pour la santé
Françoise GROSSETÊTE
Groupe du Parti Populaire Européen (chrétiens démocrates)
Union pour un Mouvement Populaire (UMP)
Née le 17 mai 1946 à Lyon
Françoise Grossetête va peut-être m’en vouloir un peu. Cette hyperactive, reconnue comme étant l’une des eurodéputées françaises les plus bosseuses, illustre pour moi une forme de paradoxe. Une sorte de grand écart entre l’intérêt général européen et l’intérêt national, entre l’écologie et l’entreprise. Un brin cocardière et qui ne s’en cache pas. Françoise Grossetête c’est avant tout un énorme travail sur la santé, les soins transfrontaliers, les maladies orphelines, la recherche contre la maladie d’Alzheimer. Elle préside d’ailleurs depuis 2007 l’alliance européenne de lutte contre cette maladie. C’est aussi une parlementaire inscrite sur les listes noires des lobbyistes pro tabac. En même temps, elle n’hésitera pas à monter au créneau pour défendre le monde économique, le monde industriel. Et ce n’est sans doute pas un hasard si elle siège à la fois comme titulaire à la commission environnement, santé publique et sécurité alimentaire, tout en étant suppléante à la commission industrie recherche et énergie du Parlement européen. Où l’on retrouve les deux faces du personnage. Eurodéputée depuis 1994, elle a également acquis une véritable expérience de cette institution au point d’être nommée au groupe de contact de haut niveau pour les relations entre l’Union européenne et la communauté chypriote turque du nord de Chypre. Et puis après tout, ce Parlement européen fonctionne de façon plus ou moins subtile à coup de compromis entre les intérêts des uns, les vouloirs des autres. Françoise Grossetête illustre peut-être la méthode de travail de cet OVNI politique qu’est le Parlement européen.
Pensez-vous avoir joué un rôle important lors de cette mandature ? Avoir été écoutée ?
J'ai pu en effet faire preuve d'une certaine influence au sein du Parlement européen lors de cette mandature. Ma longue expérience à Bruxelles (je suis élue depuis 1994) me permet de parfaitement maîtriser les rouages de la prise de décisions au sein du Parlement européen. Très investie au sein des commissions dans lesquelles je siège, j'ai reçu plusieurs prix pour mon travail; en tant que meilleure parlementaire de l'année dans le domaine de la santé (en 2009) et décideur européen de l'année dans le domaine des maladies rares (en 2013).
Votre plus belle réussite, fierté, gros coup ?
Je suis particulièrement fière d'avoir pu porter en seconde lecture la directive sur les soins de santé transfrontaliers. Malgré les réticences des États membres, le Parlement européen et la Commission ont permis d'aboutir à un accord dans l'intérêt des patients. Cette directive fixe à présent des règles claires pour la mobilité des patients sur le territoire européen, permettant sous certaines conditions à ceux qui le souhaitent de recevoir dans un autre État membre tous les soins auxquels ils ont droit dans leur propre pays, tout en étant remboursés. C'est sur ce type de législation concrète que nous pouvons démontrer la valeur ajoutée de l'Union européenne.
Votre plus beau loupé, flop ?
Je regrette fortement que nous n'ayons toujours pas réussi à imposer le principe de subsidiarité comme un axe majeur de la politique commerciale de l'Union européenne. L'UE est encore trop souvent la grande naïve des négociations commerciales internationales. L'Europe pâtit d'une véritable stratégie en matière commerciale, qui lui permettrait d'établir des priorités et des objectifs lisibles et de défendre ses secteurs clés. Ces lacunes conduisent nos entreprises et notre industrie à être placées dans une situation de désavantage compétitif face aux producteurs des pays émergents et de ceux qui mènent une politique commerciale plus offensive.
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