GB : les nationalistes écossais en position de force
En campagne avec Mhairi Black, la candidate du SNP à Paisley. Cette étudiante blonde au visage poupin n'a que 20 ans et elle est donnée gagnante par les sondages face à Douglas Alexander, une figure du parti travailliste, un proche d’Ed Miliband. Mhairi Black commence sa session de porte-à-porte. Depuis le début de la campagne, elle a l’habitude de prêcher des convertis, ce soir, Catherine lui assure qu’elle votera pour elle : "J’ai toujours voté travailliste comme mon mari, mais au référendum sur l’indépendance j’ai voté OUI et j’ai alors changé d’avis. Je veux que ma voix soit entendue et que l’Ecosse soit plus forte. Avec le SNP notre voix sera entendue à Westminster".
Un discours qu'on entend partout en Ecosse. Une région qui a longtemps été un fief du Labour, le parti travailliste. Mais cette année, huit mois après la victoire du NON au référendum, les électeurs lui tournent du dos. Ils s’apprêtent à voter massivement SNP, un parti situé plus à gauche que le Labour. D’après les sondages, les nationalistes pourraient obtenir la quasi-totalité des 59 sièges écossais, contre 6 aujourd’hui.
La très symbolique circonscription de Paisley
La circonscription de Paisley était réputée imprenable. Le SNP accusait en 2010 un retard de 40 points. Mais Mhairi Black, cette gamine de 20 ans, est en passe de l’emporter. " L’Ecosse a pendant des années voté travailliste comme un somnambule. Les électeurs se disaient sans le moindre esprit critique : 'il faut voter Labour, barrer la route aux conservateurs'. Mais le référendum sur l’indépendance a obligé les gens à réfléchir et à se dire attendez, ça fait 50 ans qu’on vote Labour et il y a toujours autant de pauvreté, ça ne va pas”."
Les travaillistes se trouvent ainsi associés aux conservateurs, très impopulaires en Ecosse depuis les années Thatcher. Ils représentent les élites de Londres, méprisées au nord du mur d’Hadrien. Evan Williams est le chef de campagne de Douglas Alexander, député travailliste à Paisley depuis 1997. Il se dit impuissant face à la possible défaite de son champion. " Pendant la campagne référendaire, les nationalistes ont passé leur temps à dire que tout était de la faute de Westminster. Ils ont dépeint le Labour comme un parti de l’establishment, responsable de tout ce qui ne va pas. Et ils sont bons pour ça ! On ne peut rien faire contre. Les arguments rationnels, économiques, ne font pas partie du débat".
Les conséquences nationales du vote écossais
Le SNP devrait être jeudi soir le 3e parti britannique. Les nationalistes écossais vont aussi certainement priver les travaillistes d’Ed Miliband de majorité, mais ils ne veulent surtout pas soutenir les conservateurs, les Tories de David Cameron. La chef du SNP, Nicola Sturgeon, Premier ministre d’Ecosse, tend donc la main aux travaillistes en vue d’une alliance gouvernementale : "S’il y a une majorité anti-Tory à la Chambre des Communes, nous pouvons travailler ensemble pour priver les Tories de gouvernement. Voilà mon message au Labour. Et alors le SNP pourra user de son influence pour s’assurer que les conservateurs seront remplacés par quelque chose de mieux, de plus audacieux, de plus radical."
Mais les travaillistes rejettent cette main tendue des nationalistes écossais. Ed Miliband a été très clair à ce propos. Ill ne veut pas donner l’impression qu’il collabore avec un parti indépendantiste. C’est pourtant sans doute sa seule chance de devenir Premier ministre, à moins d’un gouvernement minoritaire fragile. David Cameron le sait bien. Pendant toute la campagne, il a mis en garde le pays contre les dangers d’une alliance entre travaillistes et SNP.
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