Italie : "divin" et "démon" à la fois, l'ex-président du conseil Andreotti est mort
Cette figure emblématique de la vie politique, président du Conseil durant plus de sept ans, avait 94 ans.
Giulio Andreotti, président du Conseil des ministres italien à trois reprises, est mort lundi 6 mai, à l'âge de 94 ans. Au cours de ces trois mandats, il a dirigé sept gouvernements différents, entre 1972 et 1992. Il était une figure marquante du parti Démocratie chrétienne (centre droit), aujourd'hui disparu.
Tout au long de sa carrière politique, Giulio Andreotti a été affublé, par l'opposition, par son propre camp et par la presse, de mutiples surnoms, qui en disent long sur le personnage. Francetv info en a sélectionné quelques-uns.
"L'inoxydable"
Son sobriquet le plus répandu vient de son exceptionnelle longévité dans le paysage politique. "L'inoxydable" Giulio Andreotti a débuté dans la vie politique en 1946, à 27 ans, en étant élu député à l’Assemblée constituante. Dès l'année suivante, il entre dans l’équipe gouvernementale en tant que sous-secrétaire d’État à la présidence du Conseil, poste qu’il occupe dans six gouvernements successifs.
Il hérite dans les décennies suivantes des portefeuilles de l’Intérieur (deux fois), des Finances, du Budget, de la Défense (trois fois), de l’Industrie, des Affaires étrangères, en alternance avec le poste de chef du gouvernement, qu'il occupe plus de sept ans au total. En 1991, il est nommé sénateur à vie et participe régulièrement aux travaux de la chambre haute du Parlement italien.
"Il Divo" (le Divin)
Celui-ci est devenu le titre d'un film de Paolo Sorrentino, inspiré de la carrière de Giulio Andreotti, qui remporta le prix du Jury au festival de Cannes 2008. "Il Divo Giulio" fait référence à l'empereur Jules César, appelé "Divius Julius" en latin. L'auteur de ce sobriquet est le journaliste d'investigation Carmine Pecorelli. Giulio Andreotti a été accusé d'avoir commandité son assassinat en 1979, à Rome. Un meurtre pour lequel il est condamné en 2002, puis innocenté en 2003.
Le surnom "Il Divo" symbolise, en plus de la longévité, l'influence et le charisme du dirigeant, aussi surnommé "l'Eternité" ou "la première lettre de l'alphabet". D'autres noms, comme "le bossu", en raison de son dos voûté, ou le "Richelieu italien", pour son goût du secret, sont moins flatteurs.
"Belzébuth"
Ses adversaires du Parti socialiste italien, disparu en 1994, le considèrent comme Belzébuth, le diable en personne. Ils dénoncent notamment ses liens avec la mafia. Son premier face-à-face avec la justice découle d'ailleurs des accusations de parrains repentis, au printemps 1993. Pourtant, cité dans de multiples affaires, dont plusieurs assassinats, Giulio Andreotti n'est jamais définitivement condamné.
Cette innoncence inébranlable lui permet de balayer tous les soupçons par des traits d'humour ou des remarques cyniques. Ses liaisons avec la mafia ? "Personne n'est à l'abri de certaines fréquentations. Même Jésus-Christ, parmi ses douze apôtres, avait Judas", ironise-t-il.
Lorsque Aldo Moro, chef du parti Démocratie chrétienne, est enlevé par les Brigades rouges, en 1978, Andreotti, chef du gouvernement, refuse de négocier. L'homme politique est assassiné et Andreotti montré du doigt. "On me met tout sur le dos, sauf les guerres puniques, parce que j'étais trop petit", répond-il.
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