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Groenland : calme contrée à la vie politique agitée

Embarquée dans une sale affaire de détournement de fonds publics, le Premier ministre Aleqa Hammond, élue il y a un peu plus d’un an, a dû démissionner. Des élections législatives se dérouleront le 25 novembre 2014. L’exploitation des richesses de l’île sera de nouveau au cœur des débats.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
  (Minden Picture/Hiroya Minakuchi)

Si vos congénères bipèdes vous fatiguent, c’est un pays pour vous. Le Groenland fait encore plus fort que l’Islande en termes de densité de population. Sur une île grande comme quatre fois la France vivent 57.000 Groenlandais, ce qui donne une densité de 0,03 habitants au km². Bref le désert !
 
Un petit paradis de glace, territoire danois au milieu de l’Atlantique nord, qui depuis 2009 bénéficie d’une large autonomie. Une bonne partie de la classe politique locale rêve même d’aller plus loin… jusqu’à l’indépendance.
 
L’indépendance en ligne de mire
Car sous la glace qui fond de plus en plus, réchauffement climatique oblige, se révèle un trésor de ressources minières et pétrolières. Ainsi, on parle d’explorer 120 sites aurifères et cinq mines d’or seront bientôt exploitées. Il y a aussi des zones pétrolifères tout autour de l’île et, comme si cela ne suffisait pas, le Groenland possède certains des plus importants gisements du monde en terres rares.
 
Autant de richesses qui font penser que l’indépendance serait largement assurée à terme. Sauf que pour l’heure, le Groenland a toujours besoin des subsides du Danemark. Copenhague verse chaque année plus de 3 milliards de couronnes (429 millions d’euros).
 
Des ressources minières inexploitées
Les élections de mars 2013 ont largement été marquées par le débat sur l’exploitation de ces richesses naturelles. Les réticences sont de deux ordres.
Danger pour la nature, car dans ce pays qui ne vit que de pêche, les risques de pollution inquiètent les écologistes.
Danger d’y perdre son âme également. Le débat a marqué une frontière entre socialistes ne voulant pas laisser les compagnies étrangères investir et «acheter» le pays, et sociaux-démocrates rêvant d’indépendance grâce aux richesses extraites.
 
Vie politique mouvementée
A ce petit jeu, une femme avait survolé les débats. Aleqa Hammond, issue d’une très modeste famille de chasseurs, orpheline de père à l’âge de six ans, rêve d’indépendance. Elle a conduit le Siumut, le parti social-démocrate à la victoire.
Elle avait aussi largement critiqué la gestion des socialistes. Depuis son arrivée à la tête du parti en 2009, elle a une réputation de femme intègre. «Aleqa Hammond apporte un nouveau style de leadership, très éloigné du favo­ritisme d’autrefois. Elle n’est salie par aucune affaire.» écrivait Courrier International.
 
Elections anticipées
Aujourd’hui, c’est cette même «femme-la-rigueur» qui est rattrapée par les affaires. Elle est accusée d’avoir utilisé de l’argent public pour couvrir des dépenses privées. 106.000 couronnes (près de 15.000 euros) de frais d’hôtel et de billets d’avion au profit de membres de sa famille.

Afin d’éviter une motion de censure, elle a décidé de mettre fin à ses fonctions, le temps de l’enquête. L’opposition a obtenu la démission de quatre ministres. La coalition au pouvoir a volé en éclats, le parti libéral Atassut ayant rejoint l’opposition. Dès lors, des élections anticipées étaient inévitables, elles se tiendront le 28 novembre. Les sondages donnent l’avantage à l’opposition de gauche et notamment au parti inuit Ataqatigiit.

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