Hongrie : "Un mouvement social d'une ampleur inédite" contre la politique de Viktor Orban
Depuis un mois, habitants, partis politiques et syndicats hongrois s'unissent et manifestent contre le président au pouvoir depuis 2010.
"Saleté de Fidesz", "Orban dégage", "Nous ne sommes pas des esclaves"... Voici quelques-uns des slogans scandés dans les rues de Budapest contre la politique autoritaire et ultra-nationaliste de Viktor Orban. Le président hongrois, au pouvoir depuis 2010, est confronté depuis un mois à une fronde sociale inédite.
À l'origine de ces manifestations de grande ampleur, l'adoption d'une loi permettant à un employeur de réclamer jusqu'à 400 heures supplémentaires par an à ses salariés, payables jusque trois ans après. Les syndicats dénoncent une "loi esclavagiste" et, depuis cinq semaines, mêlent leurs voix à celles des défenseurs des droits de l'homme et des opposants politiques. "La défense des droits sociaux précède celle des droits civiques, explique l’économiste Zoltan Pogatsa. Ce mouvement social est d’une ampleur inédite en Hongrie. Ce mouvement sonne le réveil des syndicats."
On n’en est plus seulement à la loi sur les heures supplémentaires, moi j’aimerais vivre dans une Hongrie normale, vivable. J’aimerais qu’on retrouve la démocratie.
Kitti Besenyi, syndicaliste chez Mercedesà franceinfo
László Kordás, président de la Confédération des syndicats hongrois, accuse le gouvernement de démolir les droits des salariés, depuis l’adoption d’un nouveau code du travail en 2012. "C’est clair, Viktor Orban a menti aux électeurs, déplore-t-il. Son action conduit à exploiter les travailleurs."
Mobilisation, débrayages et unité dans les cortèges
Opérations escargot, rassemblements, les syndicats annoncent 160 événements dans toute la Hongrie, samedi 19 janvier. Il n'y aura pas d’appel à la grève générale, ils n’en ont pas le droit, mais les salariés sont incités à se mobiliser. Près de 4 000 ouvriers d’Audi ont par exemple débrayé deux petites heures, vendredi 18 janvier. C'est un événement en Hongrie, où il est très difficile de faire grève.
Aspirations mêlées, besoin d’unité, les syndicats, activistes ou partis politiques s'affichent ensemble dans les cortèges. Les socialistes hongrois sont désormais prêts à s’entendre avec le Jobbik, parti d'extrême droite. "La politique du gouvernement est bien plus dangereuse que le programme du Jobbik", justifie l'un des dirigeants du MSZP, le parti socialiste hongrois.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.