L'Allemagne en deuil après la fusillade de Winnenden
Un service religieux a été organisé dès hier à Winnenden, une ville de 17.000 habitants dans la banlieue de Stuttgart (Land du Bade-Wurtemberg, dans le sud-ouest de l'Allemagne). Plus de 1.000 personnes y ont assisté. Des psychologues spécialisés sont arrivés à Winnenden pour assister les habitants traumatisés.
_ Les élèves du lycée Albertville se sont retrouvés à l'office hier soir, et ont pu laisser libre cours à leur chagrin. Et à leur suite, c'est toute l'Allemagne qui est en deuil aujourd'hui. Les drapeaux sont en berne à travers tout le pays en hommage aux victimes de ce drame.
_ Tim Kretschmer a tué quinze personnes hier avec une arme appartenant à son père. Neuf d'entre elles sont des élèves de l'établissement dont il était un ancien élève. Trois enseignants ont aussi été tués. Les autres sont un passant, un salarié de la concession automobile où Tim Kretschmer s'est donné la mort, ainsi qu'un client.
“Il est difficile de mettre des mots sur ce qui est arrivé aujourd'hui”, a déclaré au cours d'une conférence de presse la chancelière allemande Angela Merkel, exprimant sa sympathie aux familles des victimes de ce “crime horrible”. Le Parlement européen, à Strasbourg, a observé une minute de silence en hommage aux victimes.
Tout le pays cherche encore aujourd'hui à comprendre pourquoi cet adolescent décrit comme sans histoires a été pris d'une telle folie meurtrière.
Il y a d'abord la question de l'arme. Le jeune homme a pris l'une des armes de son père, membre d'un club de tir. Il détient légalement quinze armes. Quatorze sont dans un coffre, la quinzième est dans la chambre parentale. C'est celle-ci qu'a pris son fils. Des munitions se trouvaient également à sa disposition. L'adolescent s'était initié au maniement des armes dans le club de tir de son père.
La police étudie la possibilité d'engager des poursuites contre lui.
“J'ai des armes, demain j'irai à mon ancienne école”
Ensuite, il y a l'explication du geste lui-même. Rien de flagrant ne laissait présager un tel geste dans la vie de Tim Kretschmer.
_ Mais le jeune homme avait laissé la veille au soir de son acte un message sur internet, prévenant qu'il se rendrait armé dans son ancien établissement : “J'en ai marre, j'en ai assez de cette vie qui n'a pas de sens, c'est toujours la même chose. Tous se moquent de moi et personne ne reconnaît mon potentiel”, a-t-il écrit sur un forum de discussion.“ J'ai des armes ici, demain matin j'irai à mon ancienne école”
Les enquêteurs, qui ont saisi l'ordinateur du jeune homme, y ont trouvé des jeux vidéo de combats hyperréalistes, “typiques de ce genre de forcené, y compris le jeu “Counter strike””, explique un responsable de la police locale.
_ Mais l'explication ne peut se suffire à elle-même, puisque ce type de jeu compte des centaines de milliers de joueurs, sans qu'ils passent pour autant à l'acte.
Selon certains anciens condisciples du jeune homme, il faisait figure d'adolescent “mal dans sa peau”. De caractère très renfermé, il n'aurait pas été accepté par ses camarades et passait son temps devant son ordinateur.
Les enquêteurs n'ont également pas exclu que le jeune homme ait eu des problèmes avec les filles puisque toutes ses victimes dans l'école sauf une, étaient des femmes. Mais là encore, ce type d'explication peut s'appliquer à des millions d'adolescents. Pourquoi Tim Kretschmer a-t-il basculé ? Les habitants de Winnenden n'ont pas fini de se poser la question.
Grégoire Lecalot, avec agences
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