L'ex-femme et complice du meurtrier pédophile Marc Dutroux pourrait ne pas sortir de prison aussi tôt que prévu
Le ministre français de la Justice a annoncé mercredi qu'il n'avait "pas l'intention" d'autoriser Michelle Martin à séjourner dans un couvent français, un refus non prévu par la Belgique qui devrait retarder sa remise en liberté... 15 ans après son arrestation le 13 août 1996.
"Nous n'avons pas été saisis par la Belgique" d'une demande formelle concernant cet accueil de Michelle Martin, jugée lundi "libérable" par la justice belge à condition qu'elle séjourne dans un couvent en France, a déclaré le Garde des sceaux Michel Mercier à la sortie du Conseil des ministres. Si ça devait être le cas, "on appliquera la convention qui lie la Belgique et la France, on regardera les choses", a-t-il ajouté. Mais "je n'ai pas l'intention de dire oui, pour ma part".
Pour des raisons de procédure, le ministre belge de la Justice Stefaan De Clerck, ne peut pas saisir son homologue français de ce dossier brûlant avant une quinzaine de jours, selon Bruxelles. La rapidité de la réaction de Paris a étonné le ministre belge. "Je pense qu'il s'agit d'une position plutôt personnelle (de Michel Mercier), alors qu'il n'y a pas encore eu de demande formelle", a réagi mercredi sur la télévision belge RTBF Stefaan De Clerck.
M. De Clerck a reconnu qu'il n'y avait "clairement pas d'obligation" pour la France d'accueillir l'ex-épouse de Marc Dutroux, qui a purgé, en comptant la préventive, près de la moitié de la peine de 30 ans de réclusion prononcée à son encontre par la cour d'assises d'Arlon (sud-est) en juin 2004. "Mais en même temps, on demande un peu de respect des systèmes réciproques, et dans le cadre de l'Europe, il y a une coopération qui s'impose", a estimé Stefaan De Clerck.
La "Convention européenne pour la surveillance des personnes condamnées ou libérées sous condition", datant de 1964 et ratifiée par les deux pays, sur laquelle la Belgique fonde sa demande, pose comme principe l'entraide entre Etats signataires. Mais la France a la possibilité de s'opposer à la venue de Michelle Martin si elle estime que celle-ci "porte atteinte" à sa "sécurité" ou à ses "intérêts essentiels", selon la Convention. Les risques de "troubles à l'ordre public" pourraient être mis en avant par les autorités françaises pour justifier un refus, estimait mercredi la presse belge.
Le procureur général de Mons a annoncé mardi qu'il n'introduisait pas de recours contre la décision d'un tribunal belge qui avait ordonné sa libération anticipée.
Cette ancienne institutrice de 51 ans a demandé a se rendre dans un couvent français qui a accepté de l'accueillir. La semaine dernière, elle avait plaidé pour la quatrième fois sa remise en liberté anticipée. En Belgique, un condamné peut demander une remise en liberté anticipée après avoir purgé un tiers de la peine prononcée.
Michelle Martin avait été condamnée en juin 2004 à 30 ans de réclusion pour avoir séquestré des victimes du pédophile et pour sa responsabilité dans la mort des deux plus jeunes d'entre elles, Julie Lejeune et Melissa Russo, qu'elle a laissées mourir de faim dans une cave de Charleroi (sud).
"C'est quand même la meurtrière de ma fille. Quinze ans, ça me paraît léger. On remet quelque part un monstre dans la nature", a réagi le père de Julie, Jean-Denis Lejeune.
Marc Dutroux avait, pour sa part, été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, sans possibilité de libération anticipée. Il avait été reconnu coupable de l'enlèvement, de la séquestration et du viol entre juin 1995 et août 1996 de six fillettes et adolescentes.
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