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La chancelière allemande, qui recevait à Berlin le Premier ministre Grec, a salué "l'effort énorme et rapide" d'Athènes

Selon Angela Merkel, la Grèce "n'a pas demandé d'aide financière" et "la stabilité de la zone euro est assurée", alors qu'Athènes a adopté un plan d'austérité contesté par la population."La question d'une aide financière à la Grèce n'est pas posée et je suis même optimiste sur le fait qu'elle ne sera pas posée", a ajouté vendredi la chancelière.
Article rédigé par France2.fr
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Rencontre à Berlin entre le Grec Georges Papandréou et l'Allemande Angela Merkel (05/03/10) (France 3)

Selon Angela Merkel, la Grèce "n'a pas demandé d'aide financière" et "la stabilité de la zone euro est assurée", alors qu'Athènes a adopté un plan d'austérité contesté par la population.

"La question d'une aide financière à la Grèce n'est pas posée et je suis même optimiste sur le fait qu'elle ne sera pas posée", a ajouté vendredi la chancelière.

Le Premier ministre grec George Papandréou, qui a rencontré dans la soirée Angela Merkel, a "remercié l'Allemagne pour ce soutien", en insistant une nouvelle fois sur le fait que la Grèce n'avait appelé personne à l'aide.

Ce message était aussi destiné au peuple allemand rétif à une aide financière à Athènes - une option pourtant envisagée en coulisses en Europe - et à la presse allemande qui se déchaîne contre la Grèce, en l'accusant d'être trop dépensière, corrompue et non compétitive. Vendredi matin, Georges Papandréou avait vertement répliqué à cette polémique: "Les Grecs n'ont pas la corruption dans les gènes, tout comme les Allemands n'ont pas le nazisme dans les leurs."

Vendredi soir, pour calmer les esprits, Angela Merkel et son hôte ont abondamment évoqué devant la presse "l'amitié très étroite" entre leurs deux pays, et notamment les milliers de touristes allemands se rendant en Grèce.

Climat social délétère en Grèce
Le pays a été quasiment paralysé vendredi par des grèves et des manifestations contre le plan d'austérité, alors que des violents heurts ont opposé des jeunes et des policiers à Athènes.

Le président de la Confédération générale des travailleurs grecs GSEE, Yannis Panagopoulos, a été légèrement blessé à coup de poings par un jeune, lors d'un discours devant le Parlement.

Les centrales syndicales, GSEE et Adedy, ont lancé un appel à une nouvelle grève de 24 heures pour le 11 mars pour protester contre la politique d'austérité.

Destinées à sortir le pays d'une grave crise financières, les mesures de rigueur durcissent un premier plan de redressement annoncé en février. Annoncées par le gouvernement socialiste mercredi, elles ont été adoptées vendredi par le parlement.

Des mesures drastiques

Le plan d'austérité adopté vendredi prévoit 2 points d'augmentation de la TVA à 21%, des coupes salariales et un gel des retraites. L'augmentation de la TVA doit faire progresser le Produit intérieur brut de la Grèce de 0,5% et rapporter 1,3 milliard d'euros.

Outre la hausse de la TVA, le gouvernement a annoncé la réduction de 30% du 13e mois et de 60% du 14e mois de salaire touchés par les fonctionnaires ainsi que le gel des pensions de retraites des fonctionnaires et des salariés du secteur privé.

Il a également annoncé une augmentation de 20% des taxes sur l'alcool et une hausse de 8 centimes par litre de l'essence et de 3 centimes par litre du diesel. Les carburants avaient déjà augmenté de près de 25 centimes par litre début février. Les cigarettes augmenteront de 63% tandis que le gouvernement prévoit aussi une "augmentation importante" de l'imposition sur l'immobilier.

Ces nouvelles d'austérité ont été annoncées à l'issue d'un conseil des ministres extraordinaire présidé par le Premier ministre Georges Papandréou, qui a déclaré qu'en retour, "le peuple grec attendait la solidarité de l'Europe".
Lancement d'une émission obligataire

Jeudi, le ministère grec des Finances a indiqué que son pays avait levé 5 milliards d'euros à un taux d'intérêt de 6,3%, lors de l'émission obligataire à dix ans lancée dans la matinée. La Grèce a au total recueilli pour 15 milliards d'euros d'offres, pour le montant proposé de cinq milliards, ce qui atteste "qu'en dépit de la conjoncture extrêmement défavorable, la confiance des investisseurs dans l'économie grecque reste forte", a indiqué le ministère.

Le montant du taux d'intérêt "est un signe encourageant pour l'efficacité des politiques du gouvernement", et s'est établi à 50 points de base de moins que lors de la précédente émission obligataire grecque à maturité de 5 ans, le 25 janvier, ajoute le texte.

L'Organisme de gestion de la dette a confirmé le lancement de la procédure et a indiqué avoir mandaté les banques britanniques Barclays et HSBC, japonaise Nomura et grecques Banque nationale de Grèce et Banque du Pirée.

La Grèce, qui doit emprunter au total 54 milliards d'euros pour le service de sa dette en 2010, avait levé 8 milliards d'euros lors de sa première émission obligataire de l'année.

La majorité des Grecs défavorables au plan d'austérité
Jeudi soir, près de 10.000 manifestants communistes et de la gauche radicale, selon la police, se sont rassemblés dans le centre d'Athènes et à Salonique. Quelques centaines de retraités avaient déjà manifesté mercredi devant les bureaux du Premier ministre contre le gel des pensions de retraites pendant le conseil des ministres.

Selon un sondage Public Issue pour la chaîne Skai TV, rendu public vendredi, le 3e train de mesures présenté mercredi par le gouvernement grec incluant un gel des retraites, des baisses de salaires et une hausse de la fiscalité pour tenter de résorber son déficit fait grincer des dents les Grecs. Ainsi, 90% des employés du secteur public rejettent la mesure prévoyant une réduction de 30% des primes versées à Noël, Pâques et pour les vacances. Dans le secteur privé, 76% des salariés et 68% des retraités se disent également opposés aux coupes prévues. 62% des sondés estiment en outre que le pays pourrait connaître dans l'année des troubles d'origine sociale.

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