Le comité a annoncé vendredi son choix : Ellen Johnson-Sirleaf, Leymah Gbowee et Tawakkul Karman.
Le prix Nobel de la paix 2011 a été conjointement attribué vendredi à trois femmes, Ellen Johnson-Sirleaf, la présidente du Libéria, Leymah Gbowee, elle aussi Libérienne, et à la Yéménite Tawakkul Karman pour leur lutte non violente pour la sécurité et les droits des femmes.
Ellen Johnson Sirleaf, 72 ans, est la première femme à avoir été élue présidente d'un Etat africain. Elle s'apprête à briguer uns econd mandat.
Sa compatriote Leymah Gbowee est récompensée pour son travail de mobilisation et d'organisation des femmes de toutes ethnies et de toutes religions pour mettre fin à la guerre civile et garantir la participation des femmes aux élections.
Avec la Yéménite Tawakkul Karman, le comité Nobel distingue une femme qui a oeuvré pour la paix, la démocratie et les droits des femmes avant et pendant le "printemps arabe". Elle est la première femme arabe à recevoir cette prestigieuse distinction."Ce prix est une victoire pour la révolution et pour le caractère pacifique de cette révolution" contre le régime du président contesté Ali Abdallah Saleh a déclaré la lauréate à l'AFP.
Toutes trois succèdent donc à l'opposant chinois Liu Xiaobo.
Le comité Nobel espère que le prix décerné à ces trois femmes "contribuera à mettre fin à la répression dont les femmes sont toujours victimes dans de nombreux pays et à exprimer le grand potentiel que les femmes peuvent représenter pour la paix et la démocratie".
Ellen Johnson Sirleaf
Née Ellen Euphemia Johnson en octobre 1938, elle grandit à Monrovia et obtient une maîtrise d'administration publique en 1971 de la prestigieuse université de Harvard, aux Etats-Unis.
Elle a acquis en 1997 le surnom de "Dame de fer" en se présentant à l'élection présidentielle face au chef de guerre Charles Taylor dans un pays sortant à peine d'un conflit civil particulièrement meurtrier. Elle avait été très largement battue, sans que cette défaite n'entame en rien sa détermination. Ellen Johnson Sirleaf s'engage à former un "gouvernement inclusif" pour panser les plaies de la guerre civile. Elle se lance dans une grande tournée pour tenter de séduire la jeunesse déshéritée du pays, y compris les nombreux "enfants-soldats" qui pensaient que son adversaire malheureux avait été privé de la victoire en raison de la fraude.
En janvier 2010, elle revient sur une promesse électorale de ne briguer qu'un seul mandat présidentiel et annonce sa candidature pour le scrutin de 2011, prévu le 11 octobre.
Elle reçoit les louanges de la communauté internationale pour ses efforts de reconstruction du Liberia, tout en peinant à convaincre nombre de ses compatriotes de la rapidité des réformes mises en oeuvre.
Leymah Gbowee
Cette Libérienne de 39 ans a réussi à mobiliser et à organiser les femmes de son pays au-delà des clivages ethniques et religieux pour contribuer à faire taire les armes et permettre aux femmes de participer aux élections.
A la suite de l'accord de réconciliation nationale de 2003, son réseau a incité les femmes à voter et joué un rôle clé dans la victoire d'Ellen Johnson Sirleaf.
Depuis 2004, elle siège à la commission Vérité et Réconciliation du Liberia chargée de panser les plaies d'une guerre civile particulièrement cruelle et dévastatrice.
Elle occupe depuis 2006 le poste de directrice générale du Réseau Afrique pour la paix et la sécurité (WPSN-A), une organisation qui travaille aux côtés des femmes du Liberia, de Côte d'Ivoire, du Nigeria et de Sierra Leone en faveur de la paix, de l'alphabétisation et de la démocratie.
Tawakkul Karman
Avant et pendant "les printemps arabes", Tawakkul Karman, 32 ans, a joué un rôle central dans le combat pour les droits des femmes ainsi que pour la démocratie et la paix au Yémen, dit le comité Nobel.
Elle crée en 2005 Femmes journalistes sans Chaînes (WJC), une ONG qu'elle préside. Cette journaliste et militante des droits de l'homme mène le combat pour la liberté de la presse au Yémen. Elle est également membre du parti islamiste Islah Was.
Véritable épine dans le pied du pouvoir en place à Sanaa, elle a été brièvement arrêtée au début de l'année après avoir pris la tête de manifestations contre les autocrates au pouvoir dans le monde arabe.
En février, elle jure de galvaniser un soulèvement déclenché par la jeunesse yéménite contre le régime despotique du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans.
"Nous avions organisé des manifestations avant la révolution tunisienne pour exiger des réformes et le respect de nos droits. Mais après 'la révolution du jasmin', nous avons compris que la seule solution est la fin du régime (yéménite)", explique-t-elle.
La Yéménite a d'ores et déjà dédié son Nobel au printemps arabe.
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