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Une semaine de scandales au Vatican, le majordome du pape impliqué

Corruption, mauvaise gestion... Des documents confidentiels du Saint-Siège, très compromettants, ont été remis aux médias depuis le début de l'année. Le banquier du pape vient d'être limogé, et son majordome est mis en cause.

Article rédigé par franceinfo
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La basilique Saint-Pierre au Vatican, le 9 novembre 2003. (VINCENZO PINTO / AFP)

Des dizaines de documents secrets du Vatican sur la place publique, une "taupe" potentielle interpellée, le banquier du pape limogé : une semaine difficile s'achève pour le Saint-Siège, révélatrice de tensions, mais aussi de la volonté de réformes qui travaille le plus petit Etat du monde.

• Le pape trahi par son majordome ?

Le Vatican a annoncé, vendredi 25 mai, l'arrestation d'une personne en possession"illégale" de documents confidentiels, dans le cadre d'une enquête sur des fuites qui ont plongé dans l'embarras la hiérarchie de l'Etat pontifical. Des magistrats du Saint-Siège interrogeraient actuellement cette personne.

Selon des sources concordantes, il s'agirait du majordome du pape, Paolo Gabriele. Surnommé "Paoletto", ce Romain de 46 ans, toujours tiré à quatre épingles, vit avec sa femme et ses deux enfants dans un immeuble à l'intérieur du Vatican, où il est l'un des très rares laïcs à avoir accès aux appartements du pape. Depuis 2006, Gabriele aide Benoît XVI à revêtir ses habits pontificaux, participe à la messe dans sa chapelle privée, le suit dans ses audiences publiques et privées, sert le déjeuner, se met à table avec le pape et prépare le soir sa chambre. Dans la papamobile, il est habituellement assis devant le pape, à côté du chauffeur. 

• Après les fuites Wikileaks, voici "Vatileaks"

Le pape Benoît XVI a récemment mis sur pied une commission de cardinaux chargée d'enquêter sur les fuites de documents sensibles traitant de corruption et de mauvaise gestion au sein du Vatican et qui ont été remis à certains organes de presse. Ces documents comprennent, notamment, des lettres adressées au pape par un archevêque qui a été muté à Washington. Ce dernier a dénoncé des cas de népotisme et de favoritisme dans l'octroi de contrats.

Par ailleurs, le livre Sua Santita (Sa Sainteté) est sorti en Italie samedi. Il reproduit des dizaines de fax et de lettres ultra-secrètes dont le pape est le destinataire ou a eu connaissance. Signé par Gianluigi Nuzzi, cet ouvrage a donné lieu à une réaction furibonde du Saint-Siège qui a menacé de poursuites en Italie.

• Le banquier du pape limogé

D'autres documents évoquent des conflits internes concernant la Banque du Vatican, dénommée Institut des œuvres religieuses (IOR), dont le président a été limogé jeudi 24 mai. Expert de "l'éthique de la finance", Ettore Gotti Tedeschi a été évincé par un vote de défiance à l'unanimité du conseil d'administration de l'IOR, trois ans après sa nomination qui avait laissé espérer l'assainissement des finances du Vatican.

Officiellement, il lui est reproché "une mauvaise gouvernance" et de "n'avoir pas su remplir certaines fonctions de première importance", en dépit d'avertissements répétés, alors que la situation "se détériorait". Mais selon des sources non confirmées, il aurait pu faire connaître lui-même certains documents de travail à l'extérieur du Vatican, par un souci de transparence.

• Volonté de rigueur chez Benoît XVI

La chute de cet homme respecté survient à un moment crucial : début juillet, un groupe d'experts européens doit décider si le Vatican peut rejoindre la liste des Etats transparents dans la lutte anti-blanchiment, la "White list". Impliqué dans les années 1980 dans des scandales mêlant mafia, loge maçonnique et services secrets, l'IOR a poli lentement son image sous le pontificat de Benoît XVI, en s'efforçant de remplir les critères contre le recyclage de l'argent sale.

De nouvelles lois vaticanes ont été adoptées, même si elles sont critiquées car jugées insuffisantes. Le pape allemand, qui a fait de la rigueur une priorité, a créé en 2010 une Autorité d'information financière. Mais beaucoup reste à faire. En 2011, l'archevêque Carlo Maria Vigano, alors secrétaire général du gouvernorat du Vatican, a dénoncé à Benoît XVI des cas de "gabegie" et de   au sein de l'administration vaticane.

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