Cet article date de plus de dix ans.

Les électeurs suisses disent "oui" à une limitation de l'immigration

Les électeurs étaient invités à se prononcer sur la mise en place de quotas, dimanche 9 février. La proposition a été adoptée à une très courte majorité (50,3%), selon les résultats officiels. Ce qui risque de tendre les relations entre le pays et l'UE.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des habitants de Zûrich (Suisse) passent devant une affiche électorale qui prône la fin de "l'immigration de masse", le 6 février. (MICHAEL BUHOLZER / AFP)

Quelque 50,3% des électeurs ont dit "oui" à la limitation de l'immigration, de source officielle, dimanche 9 février. Les bureaux de vote ont fermé à midi, même si la plupart des électeurs se sont prononcés par correspondance. Pour passer, le texte devait obtenir la majorité des cantons suisses et la majorité des votants.

La participation à cette votation a été très élevée, a elevé l'institut GfS, avec un taux de 56% environ, soit 12 points de plus que la moyenne de 44% constatée généralement lors des consultations du peuple en Suisse. Ce qui montre l'intérêt suscité par cette question en Suisse, où les étrangers représentent 23% de la population. 

Les Suisses votent sur "l'immigration de masse" (DENIS SEBASTIEN, OLIVIER JACQUELIN - FRANCE 2)

L'opinion publique et les partis divisés

Le gouvernement suisse, la plupart des partis politiques ainsi que le patronat étaient opposés à cette proposition. Freiner l'immigration, selon eux, risque de mettre fin à la prospérité suisse. Environ 40% des nouvelles entreprises en Suisse sont en effet créées par des étrangers, selon les chiffres de l'institut d'analyse Orell Füssli Wirtschaftsinformationen. En 2013, ces entreprises ont crée 30 000 emplois. Les étrangers sont aussi de gros consommateurs. Environ un quart de la progression de la consommation des ménages depuis 2008 est due aux immigrés. 

A l'inverse, les partisans du oui – dont l'Union démocratique du centre (UDC), le parti populiste à l'origine de la proposition – estiment qu'il s'agit d'une question de souveraineté nationale. Ils assurent que l'immigration européenne est la cause de nombreux maux, comme des comme des transports en commun surchargés, une pénurie de logements, et des paysages défigurés par le bétonnage du secteur de la construction.

Vers un rétablissement des quotas de travailleurs immigrés

Pour le moment, la Suisse accueille quelque 80 000 nouveaux arrivants par an sur son marché du travail. Mais cette initiative va permettre de rétablir des quotas et des contingents pour les immigrés, selon les besoins du pays pour les immigrés. Ce qui représente beaucoup de tracasseries administratives, dénoncées par les employeurs.

La Suisse a vécu avec ce système jusqu'aux accords bilatéraux signés avec l'UE, et qui ont progressivement permis la libre circulation des travailleurs, à partir de 2002. A l'époque, les autorités avaient indiqué qu'il n'y aurait que 8 000 arrivants par an maximum.

Des conséquences diplomatiques et politiques immédiates

Le résultat de cette votation risque de remettre à plat les relations entre la Suisse et l'Union européenne. Un député de droite, Hans Grunder, opposé au texte, redoute que les négociations en cours avec l'UE soient "bloquées dès lundi", dans le journal Schweiz am Sonntag. Olivier Bailly, porte-parole de la Commission européenne, a dénoncé "le principe même du référendum (...) qui va à l'encontre de la libre circulation", au micro de France 2.

VIDEO. "La libre circulation entre l'UE et la Suisse, un principe fondamental" (F. BEAUDONNET / FRANCE 2)

Bruxelles a d'ores et déjà indiqué que si la Suisse met fin à l'accord de libre-circulation, tous les autres accords liant Berne à l'UE seraient dénoncés ipso facto. Le député Hans Gruder prédit enfin un vaste remaniement ministériel. "Il n'y a qu'une solution, l'UDC reprenne le gouvernement et assume la responsabilité" du référendum, a-t-il déclaré.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.