Accueillie en France, cette athlète ukrainienne poursuit son engagement pour libérer son pays
La sportive ukrainienne de haut-niveau Alina Sukh a trouvé refuge au Creps des Hauts-de-France. à 23 ans, la jeune athlète a repris l’entrainement après avoir participé à la résistance face à l’armée russe.
Il ne faut pas se fier à sa silhouette longiligne et à son visage empreint de douceur. Derrière eux se cachent une volonté de fer. Jusqu'à présent, cette volonté avait permis à Alina Sukh de briller sur les stades d’athlétisme. À 23 ans, la jeune Ukrainienne est championne du monde de javelot et championne d’Europe de l’heptathlon chez les juniors. Aujourd’hui, cette force mentale acquise avec la compétition de haut-niveau permet à Alina d’affronter le drame que vit son pays.
Engagée sur le terrain
Avant de rejoindre le CREPS de Wattignies (Nord) après un périple de quatre jours, la sportive s’est engagée sur le terrain de la résistance. Le 24 févier, douze jours après avoir fêté ses 23 ans, Alina laisse tomber son job de conseiller financier qu’elle exerce en marge de sa carrière sportive pour s’engager dans les unités de défense territoriale. Elle coordonne des volontaires dans sa commune, à Brovary, à une vingtaine de kilomètres de Kiev. Les missions : organiser l’aide humanitaire, fabriquer de cocktails Molotov mais aussi trouver des munitions pour l’armée ukrainienne.
À l'instar de nombreux sportifs ukrainiens qui se sont engagés, parfois en allant au front, Alina a choisi de se battre, à sa façon. Résister pour elle, c’est une façon de ne pas céder à la peur : "Si vous ne faites rien, vous devenez fous avec toutes les bombes qui tombent autour de vous. Et vous ne pouvez plus rien faire. Mais quand vous travaillez et quand vous êtes toujours dans l’action, à essayer de comprendre ce qu’il se passe, à aider l’armée, cela donne l’impression que vous contrôlez la situation. Vous êtes moins effrayés. Je n’ai pas vraiment senti la peur".
Solidarité sportive
Une fois l’aide et la résistance mieux organisées, Alina a cherché à partir pour défendre autrement son pays avec ce qu’elle connaît le mieux : le sport. Sur les conseils de son compatriote, le perchiste de légende Sergueï Bubka, elle accepte de partir pour les Hauts-de-France où Florence Bariseau, la vice-présidente du Conseil régional en charge du sport, met à disposition des athlètes ukrainiens une vingtaine de chambres dans deux sites où ils pourront aussi s’entraîner : le Creps de Wattignies et l’Arena couverte de Liévin (Pas-de-Calais).
J’accueille ce soir Alina Shukh,heptathlonienne ukrainienne et sa maman coach.Elles rejoignent Elena arrivée lundi au @CREPShdfwatt . Continuer à s’entraîner pour continuer à porter haut les couleurs de La Région @hautsdeFrance se mobilise. @LamblinPhilippe @PatGergS @fdecoster pic.twitter.com/X5Ic0u3kKd
— Florence Bariseau (@fBariseau) March 18, 2022
Le sport pour étendard
Alina a donc repris l’entraînement au sein d’une structure qui lui offre un confort qu’elle n’a encore jamais connu. "Même s’il n’y avait pas de conflit en Ukraine, je ne disposerais pas d’un tel endroit pour m’entraîner, confie l’heptathlonienne. Je n’ai pas de centre d’entraînement de ce type pour pratiquer autant de discipline au même endroit."
Au Creps de Wattignies, Alina a retrouvé Elena Ivchenko. L’ancienne gymnaste devenue entraîneuse a été la première à rejoindre le site. D’autres athlètes devraient arriver dans les semaines qui viennent. Alina espère notamment que Valeria Mykhobrod, membre de son équipe, réussira à sortir du pays. Aux dernières nouvelles, la sportive était toujours coincée près de Sumy, à l’est de l’Ukraine.
Venue en France avec sa mère qui est aussi sa préparatrice, Alina essaie de se concentrer sur ses objectifs sportifs à savoir championnats du monde qui auront lieu du 15 au 24 juillet 2022, à Eugene en Oregon (États-Unis). Difficile de savoir comment le conflit aura évolué d’ici là. Mais pas question pour Alian de se démobiliser : "Je vais travailler avec des journalistes et trouver des moyens pour apporter de l’aide militaire pour ma ville. Mon travail de volontaire continue", affirme-t-elle.
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