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DERRIERE L'IMAGE. Guerre en Ukraine : ces poussettes attendant des exilés illustrent le sort de familles "qui ont tout quitté"

Pris début mars sur le quai d'une gare en Pologne, ce cliché est devenu l'un des symboles de la mobilisation pour accueillir des enfants ukrainiens dans l'UE.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des poussettes sont disposées sur le quai de la gare de Przemysl (Pologne) pour des familles fuyant la guerre en Ukraine, le 2 mars 2022. (FRANCESCO MALAVOLTA / AP / SIPA)

La scène, d'une troublante quiétude, lui est apparue au milieu du chaos de la gare de Przemysl, en Pologne, mercredi 2 mars. Le photojournaliste italien Francesco Malavolta a assisté à la formation d'une étonnante rangée de poussettes vides, destinées à des bébés ayant fui la guerre en Ukraine avec leurs mères. "Beaucoup de femmes ont tout quitté et abandonné leurs poussettes au pays pour voyager plus vite, raconte-t-il à franceinfo, une semaine plus tard. Des Polonaises et des associations sont venues en apporter à la gare, pour qu'elles puissent leur servir dès leur descente du train."

Depuis l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe, cette gare située à proximité du poste-frontière de Medyka est devenue l'une des principales portes d'entrée des migrants ukrainiens en Pologne"Elle est raccordée à la gare de Lviv, en Ukraine", souligne le photographe de 46 ans, arrivé sur place 48 heures après le début du conflit. "Beaucoup de bénévoles viennent y aider les nouveaux venus." 

"La plus belle photo du jour"

La photo de ces sept poussettes sur un quai a ému des citoyens du monde entier, parmi lesquels la comédienne américaine Amy Schumer, "prise aux tripes""C'est la plus belle photo du jour", ont relayé des internautes, saluant une initiative qui "réchauffe le cœur" et qui redonne foi en "l'humanité" en ces temps de guerre. 

Pour Francesco Malavolta, ce cliché témoigne autant de la "solidarité" des habitants, "plus prompts à réagir que les dirigeants politiques", que du "drame" des réfugiés.

"Cette image montre simplement la réalité aux avant-postes d'une crise humanitaire qui s'aggrave."

Francesco Malavolta, photojournaliste indépendant

à franceinfo

Jeudi 3 mars, une photo similaire a été prise au poste de Medyka par le photographe français Jan Schmidt-Whitley. On y voit, sur un sol caillouteux et sous un ciel gris, des peluches attendant de rencontrer leurs futurs propriétaires.

Des poussettes disposées près du poste-frontière de Medyka, en Pologne, le 3 mars 2022.  (MAXPPP)

Francesco Malavolta, collaborateur régulier de l'Organisation internationale pour les migrations de l'ONU, se dit frappé par "le nombre important de femmes, de personnes âgées et d'enfants" qu'il a vu arriver chaque jour, "pendant que les hommes doivent rester derrière et combattre pour leur pays". Si son travail montre tant de mères et de bébés – et parfois de pères leur faisant leurs adieux –, "ce n'est pas par facilité, pour toucher les gens, mais parce que c'est ainsi que sont les choses sur le terrain", insiste-t-il.

Depuis le 24 février, la Pologne dit avoir accueilli 1,24 million d'Ukrainiens sur son territoire. Sur les dix premiers jours du conflit, la petite commune de Przemysl en a reçu à elle seule 180 000, soit trois fois le total de la population municipale, selon le maire. Nombre de migrants poursuivent ensuite leur exil vers l'intérieur du pays.

D'autres rangées de poussettes en Pologne…

La solidarité d'une partie de la population polonaise ne s'est pas arrêtée aux villes frontalières. Trois jours après la publication du cliché de Francesco Malavolta, un alignement de landaus vides s'est formé dans la capitale, à l'extérieur de la gare de Varsovie Est, devant un bus chargé de dons pour des familles ukrainiennes.

A Cracovie, la bibliothèque a organisé, dès la fin février, une importante collecte de poussettes, invitant les futures familles d'accueil de réfugiés à venir s'en saisir. "Plus de 300" d'entre elles ont déjà été distribuées, de quoi commencer à désencombrer les couloirs, selon la direction.

A Lodz, une activiste locale a, elle aussi, initié une collecte de matériel pour bébé"Pour moi, cette guerre a le visage d'un enfant", décrit-elle, citée par le site polonais The First News (en anglais)"Nous devons protéger ces enfants, en commençant par les nourrissons, qui devraient avoir des sièges auto pour venir de la frontière. Il leur faut aussi des lits et des poussettes." 

… et en Slovaquie

Quant à Francesco Malavolta, il est tombé malade à cause du froid de l'hiver polonais et d'un accès laborieux à un lit et à de la nourriture dans ce secteur pris d'assaut. Le photographe s'est récemment mis en route vers la frontière entre la Slovaquie et l'Ukraine, plus au sud. Il a pu y découvrir, dimanche, à Vyšné Nemecké (Slovaquie), de nouvelles poussettes vides attendant de trouver preneurs.

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