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Discours de Vladimir Poutine : une "explosion de délire nationaliste", juge le député MoDem Jean-Louis Bourlanges

L'annexion des quatre régions ukrainiennes par la Russie est une "démarche politique" destinée à l'opinion publique russe selon le président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. 

Article rédigé par franceinfo
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Jean-Louis Bourlanges, président de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale, le 7 février 2022 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Après avoir officialisé l'annexion de quatre territoires ukrainiens par la Russie, Vladimir Poutine s'est exprimé, vendredi 30 septembre, lors d'une cérémonie sur la Place Rouge à Moscou devant plusieurs milliers de personnes. Un discours synonyme d'une "explosion de délire nationaliste", estime Jean-Louis Bourlanges, député MoDem des Hauts-de-Seine et président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale, samedi sur franceinfo.  

>> Ce qu'il faut retenir du discours de Vladimir Poutine après les référendums d'annexion dans quatre régions

franceinfo : Comment jugez-vous cette annexion des quatre régions ukrainiennes par la Russie ?

Jean-Louis Bourlanges : Juridiquement, cela n'a absolument aucun sens. Les conditions dans lesquelles les référendums se sont déroulés sont absolument monstrueux et les conséquences que Poutine en tire sont totalement arbitraires et inacceptables.

C'est une démarche politique parce que de la part de Poutine, ça semble être uniquement une démarche destinée à son opinion intérieure. Monsieur Poutine est dans une situation très difficile. Il faut qu'il démontre que les morts, qui sont nombreux, qu'il a provoqué à travers cette opération dite "spéciale" sont justifiés. Là, il peut dire : "nous avons étendu la Russie de quatre provinces", d'où l'explosion de délire nationaliste de la cérémonie d'hier.

Volodymyr Zelensky a annoncé demander une "adhésion accélérée" à l'Otan. Peut-on s'attendre à une entrer de l'Ukraine dans l'Otan dès demain ?

Non, je ne pense pas que ce soit une opération qui puisse être menée à terme. Le problème des garanties militaires de l'Ukraine se posera et se posera en des termes très précis et très rigoureux. Et les Ukrainiens seront fondés à rappeler qu'en 1994, les Américains et les Britanniques ont offert des garanties de sécurité au territoire ukrainien qui n'ont pas été suivies d'effets parce que, logiquement, cela aurait dû conduire ces pays à entrer en guerre avec la Russie.

On peut discuter de la perspective de voir l'Ukraine dans l'Otan mais les Américains n'en parlent plus depuis longtemps. Et je pense que ça se heurterait à quelque chose de très grave. C'est qu'à partir du moment où l'Ukraine est dans l'Otan, la garantie de l'article 5 sur l'Ukraine s'étendrait à l'Ukraine. Et ça veut dire que tout l'Otan serait en guerre, y compris la France.Or, ça, je crois qu'on ne peut pas procéder de la sorte.

Il faut d'abord que les Ukrainiens protègent, reconquièrent leur territoire, que la paix soit rétablie. Ensuite, le problème des garanties se posera et l'Otan, de ce point de vue-là, est une option tout à fait sérieuse.

Jean-Louis Bourlanges, président de la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale.

à franceinfo

Pour l'instant, l'Ukraine combat seule, avec une aide militaire. La France continue de livrer des armes à Kiev

Oui. On ne connaît pas le volume de ces livraisons. C'est une demande initiale des Ukrainiens qui ne voulaient pas qu'on dise non seulement le volume, mais aussi la nature des armes qui étaient données, de manière à informer l'adversaire russe de matériel dont disposait les Ukrainiens.

Ce qu'on sait, c'est qu'on fait un effort énorme. Il faut bien reconnaître que la France est très exposée, très sollicitée militairement. Nous avons été au cours des dernières années présents un peu partout en Yougoslavie, en Afghanistan, très présents en Afrique, dans le Pacifique, etc. Nous avons effectivement une exposition de nos troupes qui fait qu'on ne peut pas complètement se désarmer.

Cela prouve, selon moi, qu'il faut continuer l'effort qui a été commencé par Emmanuel Macron depuis cinq ans de remise à niveau de notre appareil militaire qui était laissé dans une situation d'abandon relatif au cours des vingt dernières années. J'ai cru comprendre que les Ukrainiens étaient très satisfaits de la qualité des armes qu'on leur envoie et de la chaîne de suivi, que les livraisons soient assurées et d'avoir un suivi en terme de munitions.

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