Guerre en Ukraine : 5 000 morts à Marioupol depuis le début de la guerre, dont "300 enfants", selon une députée ukrainienne
Lesia Vasylenko a déploré "un chiffre douloureux" lundi sur franceinfo, alors que selon elle 300 des 5 000 morts recensés à Marioupol depuis le début de la guerre en Ukraine sont des enfants.
"C’est un chiffre douloureux" mais "on pouvait s'y attendre", s'est désolée sur franceinfo lundi 28 mars Lesia Vasylenko, députée ukrainienne d’opposition, depuis Kiev, alors qu'au moins 5 000 personnes ont été tuées à Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, depuis le début de l'offensive russe le 24 février, a annoncé une conseillère de la présidence ukrainienne chargée des couloirs humanitaires. Au total, "300 de ces 5 000 personnes étaient des enfants", précise Lesia Vasylenko.
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Le bilan pourrait être encore plus lourd. L’élue appelle donc à "évacuer tous ceux qui restent", estimant que l'Ukraine et plus précisément Marioupol ont "besoin de ça".
franceinfo : Êtes-vous surprise par ces chiffres qui viennent de Marioupol ou fallait-il malheureusement s'y attendre ?
Lesia Vasylenko : On pouvait s'y attendre. Il y a quelques jours, on a déjà eu des chiffres confirmés qui faisaient état de plus de 2 500 personnes tuées à Marioupol. Au total, 300 de ces 5 000 personnes étaient des enfants. Ils ont été tués par l’armée russe, dans les bombardements et pendant les attaques de l’artillerie. C’est un chiffre très triste et douloureux. Je pense qu'il va monter.
La ville de Marioupol a presque été entièrement détruite. Environ 160 000 habitants sur les 450 000 sont toujours coincés. Que savez vous de la situation sur place ?
L'armée et le gouvernement ukrainiens font tout leur possible pour évacuer ces Ukrainiens mais 90% des bâtiments de la ville ont été détruits. Je crains que le futur de cette ville soit le même que celui de Volnovakha. C’est une autre ville à l’est de l’Ukraine. Cette ville a été complètement détruite dans les deux premières semaines de cette escalade de l'agression russe. Cette ville comptait 100 000 habitants mais maintenant, ce n’est plus une ville. Elle n’est plus enregistrée comme une ville. Je crains donc que ce soit absolument la même chose à Marioupol. D'abord, on doit évacuer tout ceux qui restent. Après, on doit continuer à nous battre contre l'armée russe et cette agression atroce. Après, quand tout sera fini, on va rétablir cette ville. Elle sera plus grande qu'auparavant. C’est sûr.
Une opération humanitaire d'évacuation doit être organisée dans les prochains jours à Marioupol, à l'initiative de la France. Faut-il agir au plus vite ?
Absolument. Si la France peut être présente sur place en aidant à évacuer des Ukrainiens, c'est déjà très bien. J'espère que ce sera un exemple, que les autres pays et les autres membres de la communauté internationale suivront. On a vraiment besoin de ça à Marioupol, à Nova Kakhovka et dans plein d’autres villes à l’est de l’Ukraine, le long de la frontière entre la Russie et l'Ukraine.
Les Nations unies annoncent chercher à mettre en place un cessez-le-feu humanitaire entre la Russie et l'Ukraine. Est-ce que ce serait la solution aujourd'hui ?
Ça pourrait être une des solutions. De toute façon, c'est déjà quelque chose. On en est à 33 jours de guerre totale. C'est un peu tard mais c'est mieux que rien. On doit avoir une présence ici, internationale, humanitaire et militaire, pour qu'on puisse chasser cet agresseur russe de l'Ukraine et l’Europe entière.
Que pensez-vous des propos de votre Président, Volodymyr Zelensky, sur l'étude en profondeur de la neutralité de l'Ukraine ? Est-ce une possibilité ?
Je pense que ses mots n’ont pas été pris dans le contexte dans lequel ils ont été dits par le président. Il a en parlé mais avec des conditions. Cette neutralité sera possible seulement si la Russie se retire de tous les territoires ukrainiens et que l’on retrouve nos frontières de 1991, quand l'Ukraine a rétabli son indépendance. Après cela, on pourrait parler de conditions de paix et de coexistence entre la Russie et l'Ukrain et peut-être qu’on pourrait même aborder le sujet de la neutralité. Mais en ce moment, c'est impossible : on a la plus grande armée d’Europe qui a envahi notre pays, tue nos enfants et nos femmes, détruit tout ce qu'il y a, peu importe que ce soit des cibles civiles ou militaires. Dans ces conditions, parler de neutralité, est un suicide pour le pays.
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