Guerre en Ukraine : ce que l'on sait de la situation à Borodyanka, où le bilan est "bien plus horrible" qu'à Boutcha, selon le président Zelensky
C'est "la ville la plus détruite de la région" de Kiev, a annoncé jeudi la procureure générale ukrainienne, Iryna Venediktova.
Après le retrait des troupes russes, l'heure est aux premières constatations de l'horreur. La procureure générale ukrainienne, Iryna Venediktova, a annoncé, jeudi 7 avril, la découverte d'au moins 26 corps sous les décombres de deux immeubles d'habitation à Borodyanka, une ville de la région de Kiev, à quelques kilomètres de Boutcha, où la découverte de nombreux corps de civils dans les rues a provoqué l'indignation internationale. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a d'ores et déjà prévenu qu'"il y a plus de victimes" qu'à Boutcha. Franceinfo résume ce que l'on sait de la situation sur place.
Une ville ciblée par les forces russes pendant un mois
Borodyanka, située dans la subdivision administrative de l'oblast de Kiev, se composait de 13 000 habitants avant la guerre. Localisée à 50 kilomètres au nord-ouest de la capitale et à une centaine de kilomètres de la frontière biélorusse, cette ville se trouvait sur l'axe de la colonne de chars russes de plus de 60 km qui a avancé progressivement vers Kiev. Après d'intenses bombardements et des frappes aériennes dès le 28 février, la ville a été occupée pendant plusieurs semaines par les forces russes, comme le relate CNN dans un reportage montrant l'étendue des dégâts (en anglais).
Face aux difficultés rencontrées par Moscou pour s'emparer de la capitale, le Kremlin a finalement annoncé le 25 mars un changement de stratégie pour se concentrer sur l’est et le sud du pays. C'est ce retrait des forces militaires de la ville qui a permis de découvrir les conséquences de cette occupation après un mois d'offensive russe.
Des dégâts considérables et des accusations de crimes de guerre
Dans un message sur Facebook publié jeudi, la procureure générale d'Ukraine explique que les forces russes ont utilisé des bombes à sous-munitions et des lance-roquettes multiples lourds "qui apportent la mort et la destruction". Iryna Venediktova évoque "la ville la plus détruite de la région de Kiev" où "seule la population civile a été visée". Elle rappelle qu'"il n'y a aucun site militaire" à Borodyanka et affirme qu'"il y a des preuves des crimes de guerre des forces russes à chaque tournant" de la ville.
"L'ennemi a traîtreusement bombardé les infrastructures résidentielles le soir, quand il y avait un maximum de gens chez eux", assure la magistrate ukrainienne. Elle accuse les soldats russes de s'être livrés à "des meurtres, des tortures et des passages à tabac" de civils, ainsi qu'à des viols, soulignant que les forces de l'ordre recueillent des preuves pour les tribunaux locaux et internationaux.
Les équipes de France Télévisions, qui ont pu se rendre dans la ville libérée, ont elles aussi constaté la destruction de nombreux bâtiments d'habitation. Nos envoyés spéciaux ont recueilli des témoignages de civils, faisant état d'exécutions sommaires.
"Ils ont tué une femme là, ils ont brûlé son corps dans la cour. Il y avait aussi un homme, sans tête, je ne veux pas savoir ce qu'ils en ont fait", relate une habitante au micro de France 3. "Lorsqu'ils sont arrivés à Borodyanka, ils ont commencé à tirer de manière indiscriminée sur les hauts des maisons avec leurs tanks. Dès qu'ils voyaient une fenêtre ouverte, ils ouvraient le feu", témoigne le maire de la commune auprès des reporters de France 2.
Un bilan encore difficile à établir
Alors que les secouristes ukrainiens ont commencé à nettoyer les débris, la procureure générale ukrainienne a annoncé la découverte d'au moins 26 corps sous les décombres de deux immeubles d'habitation. "Il est difficile de prévoir combien il va y avoir de morts" au total dans la ville, ajoute-t-elle sur Facebook, alors que les premiers recensements débutent seulement. Interrogé mercredi par les envoyés spéciaux de France Télévisions, le maire de la commune comptabilisait, lui, au moins 200 victimes.
Dans un message vidéo publié jeudi soir, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a assuré que la situation à Borodyanka est "bien plus horrible" qu'à Boutcha, où les images de cadavres de civils ont suscité l'effroi. "Il y a plus de victimes", a ajouté le chef d'Etat. Le bilan, encore difficile à établir, pourrait s'alourdir dans les prochains jours.
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