Guerre en Ukraine : derrière la bataille de Bakhmout, la tradition de la guerre d'usure de l'armée russe
C'est la bataille la plus longue et la plus sanglante depuis le début de l'invasion russe en Ukraine. Et malgré les intenses combats qui y opposent les militaires, le sort de Bakhmout, cette ville de l'est de l'Ukraine, reste indécis.
Sur le terrain, les lignes sont mouvantes. Depuis une semaine, les Russes contrôlent la partie orientale de la petite ville, coupée en deux par la rivière Bakhmoutka, quand les Ukrainiens tiennent la partie occidentale, qui comprend le centre-ville. Pourtant, la cité de 70 000 habitants, anciennement Artemivsk pendant la période soviétique, n'a pas de véritable intérêt militaire. Son seul intérêt stratégique, c'est la bataille elle-même : il s'agit clairement d'une "bataille d'attrition", une guerre d'usure, chère à l'armée russe.
Le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandr Syrsky a assuré que les soldats ukrainiens "infligeaient des pertes significatives à l'ennemi" dans ces affrontements. Et le commandement ukrainien l'avoue : il s'agit ici d'infliger un maximum de pertes à l'ennemi. Dans une guerre "d'attrition", il faut user l'adversaire.
Combien de morts ?
Les supplétifs de Wagner, qui sont à la manœuvre côté russe, auraient perdu en six mois près de 10 000 hommes, essentiellement des détenus recrutés dans les prisons : des troupes mal préparées, destinées à être ainsi quasiment sacrifiées dans une offensive de ce genre. Or, ce réservoir humain a aussi ses limites. Et ce sont dorénavant les hommes les plus aguerris de Wagner - des soldats professionnels - qui sont en première ligne à Bakhmout. Et à leur tour, ils s'usent et disparaissent dans la bataille.
Mais côté ukrainien, on s'use également. Les troupes de Kiev - essentiellement des conscrits - manquent cruellement de munitions d'artillerie et peinent de plus en plus à organiser la relève de leurs unités. Leurs pertes se comptent en centaine. Or, dans ce genre de bataille, ce n'est pas tant le nombre de victimes dans chaque camp qui compte, mais le nombre d'hommes que l'on peut se permettre de perdre. Et, à ce jeu-là, la Russie a une longue tradition de sacrifice de ses propres troupes.
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