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Guerre en Ukraine : les commandes d'abris anti-atomiques en forte hausse en France

Un mois après le début de l'invasion russe, certains en France commencent à nourrir de sérieuses inquiétudes, voire la peur d'une possible catastrophe nucléaire. Cela se traduit par une hausse des demandes pour faire construire un bunker ou un abri anti-atomique chez soi.

Article rédigé par franceinfo - Phéline Leloir-Duault
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Un abri construit à Geiswasser (Haut-Rhin) en 1997. Illustration (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

Ce ne sont pas forcément des survivalistes à l'américaine, mais plutôt des Français lambda, qui s'inquiètent du risque nucléaire alors que la guerre en Ukraine entre dans son deuxième mois. En effet, la France est le 2e pays au monde en termes de nombre de centrales nucléaires, mais ne possède que 1 000 abris anti-atomiques, dont 400 seulement sont détenus par des particuliers.

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Comptez 96 000 euros pour le modèle standard : un bunker en béton armé de 14 mètres carrés pouvant accueillir six personnes, équipé du strict minimum. "Porte blindée, volets blindés, ventilation, toilettes sèches, lits superposés, réseau électrique et réseau eau, sortie de secours", détaille Enzo Petrone, patron d'Amesis Bat, un des leaders du secteur. La version 26 mètres carrés, pour 12 personnes, avec groupe électrogène et réserve d'eau potable, vous coûtera 116 000 euros. 

"Un client nous a demandé une piscine dans son bunker. Il nous a dit 'quand ce sera la fin du monde, je serai dans ma piscine en train de siroter mon apéritif'."

Enzo Petrone

à franceinfo

Depuis le début de l'invasion russe, son entreprise a enregistré 20 fois plus de commandes que d'habitude et a finalisé une dizaine de contrats. Soit autant que sur une année entière en temps normal. Avec aussi un argument pour les hésitants : la plus-value que prend une maison équipée d'un abri anti-atomique. Un de ses clients, dit-il, a triplé le prix de vente de sa maison.

La crainte d'un "Tchernobyl 2"

Chez Artemis Protection, créée il y a moins d'un an, même tendance : 900 demandes de devis ces 30 derniers jours, explique le directeur Mathieu Séranne. "Ce qu'ils craignent plus spécifiquement, c'est l'accident dans une centrale nucléaire ukrainienne, par exemple, un 'Tchernobyl 2', plutôt qu'un vrai bombardement en France ou une guerre mondiale. Il y a une réaction émotionnelle forte parce que personne ne peut prédire l'issue de ce conflit, et il y a une prise de conscience sur le fait qu'on n'était pas du tout préparés à ce type d'événement majeur."

Le pire n'étant jamais sûr, Mathieu Séranne souligne qu'un abri peut aussi servir à stocker des œuvres d'art ou du vin, voire servir de chambre d'amis ou de logement AirBnB insolite.

Les propriétaires quant à eux refusent catégoriquement de communiquer sur leur bunker. Au vu du trop petit nombre d'abris en France, ils craignent d'être pris d'assaut en cas de catastrophe ou de guerre. 

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