Guerre en Ukraine : quatre questions sur le "plan de paix" de Volodymyr Zelensky, que la France promet de soutenir
Kiev peut compter sur Paris. Le président français Emmanuel Macron a réaffirmé, dimanche 19 février, son soutien au "plan de paix" que son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, promeut depuis plusieurs mois auprès de ses alliés. Dans un entretien téléphonique, le président français a par ailleurs assuré qu'il "soutiendrait cette initiative sur la scène internationale, lors des prochains évènements diplomatiques". Un point essentiel, car Volodymyr Zelensky peine pour l'instant à convaincre ses partenaires occidentaux au sujet de ce plan.
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Franceinfo revient en quatre questions sur cette feuille de route qui représente, pour le gouvernement ukrainien, la seule porte de sortie acceptable dans le conflit qui l'oppose à la Russie.
1 Depuis combien de temps Volodymyr Zelensky propose-t-il ce plan ?
Il faut remonter au 21 septembre 2022 et une assemblée générale des Nations unies (article en anglais) à New York (Etats-Unis) pour retrouver les premières traces du plan dessiné par le président ukrainien. Dans un message vidéo préenregistré, Volodymyr Zelensky avait alors proposé une "formule de paix" en cinq points, punissant "l'agression russe" et rétablissant la sécurité et l'intégrité territoriale de son pays. Il insistait par ailleurs sur la création d'un tribunal spécial pour juger les "crimes commis par l'armée russe" sur le territoire ukrainien.
Le 15 novembre, lors d'une réunion du G20 à Bali (Indonésie), le chef d'Etat a proposé un plan plus précis aux dirigeants des plus grands pays industrialisés, articulé cette fois autour de dix points jugés fondamentaux. "Il existe une formule ukrainienne pour la paix. La paix pour l'Ukraine, l'Europe et le monde", a-t-il commenté sur sa chaîne Telegram (texte en ukrainien), peu après avoir exposé sa feuille de route.
2 Quelles sont les conditions imposées par Kiev ?
Les dix points essentiels rassemblent en fait les revendications du gouvernement ukrainien depuis le début du conflit. Le premier porte sur la "sécurité radiologique et nucléaire", en se concentrant sur le rétablissement de la sûreté autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Le deuxième point évoque la protection des exportations de céréales ukrainiennes. Le plan de paix proposé par Kiev requiert ensuite, pêle-mêle, des restrictions de prix sur les ressources énergétiques russes, la restauration du réseau électrique ukrainien, la libération de tous les prisonniers et déportés, y compris les détenus de guerre et les enfants déplacés en Russie.
L'Ukraine réclame aussi le rétablissement de son intégrité territoriale – un point "non négociable", a prévenu Volodymyr Zelensky, cité par le Guardian (article en anglais). Le sixième point porte sur le retrait des troupes russes et la cessation des hostilités, ainsi que le rétablissement des frontières entre les deux pays.
Les derniers points portent sur des considérations à plus long terme : la justice, avec la création d'un tribunal pour les crimes de guerre, la "protection de l'environnement", avec une attention particulière pour le déminage et le rétablissement des installations de traitement des eaux. Kiev réclame enfin des garanties pour éviter "une escalade du conflit" sur son territoire, mais aussi pour préserver la sécurité dans l'espace euro-atlantique. La feuille de route contient un dernier point : la confirmation de la fin de la guerre, à travers la signature d'un document par les parties concernées.
3 Qu'en pense Moscou ?
Silencieuse pendant plusieurs semaines après la présentation de ce plan, la Russie a fini par rejeter en bloc l'initiative ukrainienne. Dans une interview donnée le 29 décembre à l'agence de presse officielle RIA Novosti (article en russe), le chef de la diplomatie du Kremlin, Sergueï Lavrov, a estimé que cette feuille de route n'était qu'une "illusion" de Volodymyr Zelensky, avant de déclarer que ce dernier n'était peut-être plus "sain d'esprit".
"De toute évidence, Kiev n'est pas prête pour le dialogue", a-t-il alors critiqué. "Mettant en avant toutes sortes d'idées et de 'formules de paix', Volodymyr Zelensky nourrit l'illusion de réaliser, avec l'aide de l'Occident, le retrait de nos troupes du territoire russe du Donbass, de Crimée, de Zaporijjia et de la région de Kherson, le paiement des réparations par la Russie, la participation 'avec aveux aux tribunaux internationaux'..." Pour le ministre russe des Affaires étrangères, hors de question de "parler avec quiconque dans ces conditions". Une position qui n'a pas changé depuis.
4 Quels pays soutiennent cette initiative ?
A part la France, qui entend promouvoir le plan ukrainien sur la scène internationale, très peu de nations ont publiquement fait savoir qu'elles partageaient les demandes de Kiev. On retrouve pour l'instant l'Autriche, dont le président fédéral, Alexander Van der Bellen, estime que ce plan peut déboucher sur un cessez-le-feu. Mais aussi Israël, dont le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, a déclaré sur Twitter (en anglais) le 16 février qu'il "[porterait] l'initiative ukrainienne de paix" devant les Nations unies.
Depuis décembre 2022, Volodymyr Zelensky propose d'organiser un "sommet mondial sur le plan de paix", selon l'expression employée par la présidence ukrainienne sur son site (en ukrainien). Une réunion hypothétique, lors de laquelle le chef d'Etat ukrainien aimerait que la Russie fasse "un pas concret et significatif vers un règlement diplomatique, dont Moscou parle si régulièrement".
En attendant de savoir si un tel sommet sera effectivement organisé, l'Ukraine tente d'obtenir le soutien de grandes puissances lors d'entretiens bilatéraux. Le 26 décembre, Volodymyr Zelensky a déclaré sur Twitter (en anglais) avoir évoqué cette feuille de route lors d'un appel avec son homologue indien, le Premier ministre Narendra Modi. Mais la discussion n'a pour l'instant pas débouché sur un soutien officiel. Alors que le président américain, Joe Biden, a effectué une visite surprise à Kiev ce lundi 20 février, le sujet pourrait revenir sur la table de négociations, cette fois entre l'Ukraine et les Etats-Unis.
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