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Guerre en Ukraine : si "à court terme, Marina Ovsiannikova est sortie d'affaire", l'ONG Human Rights Watch appelle à la prudence

La journaliste encourt encore des années de prison, si la justice russe décide de la poursuivre pénalement.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
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Marina Ovsiannikova, la journaliste russe qui a dénoncé la guerre en Ukraine à la télévision, après une comparution devant la justice le 15 mars 2022. (- / AFP)

La journaliste russe Marina Ovsiannikova a été condamnée mardi à une amende en attendant de futures poursuites pénales après avoir interrompu lundi un journal télévisé russe pour dénoncer la guerre en Ukraine. "À court terme, elle est sortie d'affaire, mais à moyen terme, il faudra voir si l'impact de la réaction de la communauté internationale continue de la protéger", prévient mercredi 16 mars sur franceinfo Philippe Dam, directeur de plaidoyer Union européenne pour l’ONG Human Rights Watch.

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Il pointe du doigt deux lois votées le 4 mars et qui "criminalisent le partage de fausses informations et les remarques qui peuvent aller contre la réputation des forces armées". Cette loi a pour conséquence, selon Philippe Dam, "d'interdire un langage aux journalistes, de fonctionner de manière indépendante" et les "force à rentrer dans la ligne fixée par les autorités". Marina Ovsiannikova risque des poursuites pénales passibles de lourdes peines de prison. L'audience de mardi n'était en effet pas directement consacrée à son action sur Pervy Kanal, mais à une vidéo diffusée parallèlement sur internet dans laquelle elle dénonce l'entrée des troupes russes en Ukraine. Son avocat redoute qu'elle soit jugée pour publication d'"informations mensongères" sur l'armée russe, un crime passible d'une peine maximale de 15 ans de prison.

"C'est un grand bond en arrière d'une trentaine d'années en Russie, puisqu'on est revenu dans une situation où la censure est en fait garantie par la loi."

Philippe Dam, de Human Rights Watch

à franceinfo

Philippe Dam décrit des situations où plusieurs médias "ont été menacés par les autorités russes de sanction ou de fermeture s'ils ne retiraient pas leurs contenus, ce qui en a conduit plusieurs à décider de volontairement cesser leurs activités, comme 'l'Écho de Moscou'".

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Philippe Dam rappelle cependant que ces "pressions importantes" ne sont pas nouvelles et étaient déjà en vigueur avant la guerre en Ukraine. "L'arsenal juridique a été développé de manière accélérée depuis 2020", quand le terme "agent étranger, utilisé contre les ONG et les mouvements d'activistes" a été "étendu au secteur médiatique", selon le directeur de plaidoyer Union européenne pour Human Rights Watch. Cela "vise à affecter la crédibilité" des médias.

Philippe Dam assure que "certains Russes se rendent compte" de cette censure et "tentent de s'adapter en cherchant des informations indépendantes, mais une majorité des Russes reste dans l'ignorance ou l'indifférence par rapport à cette restrictions des médias et par rapport à la guerre en Ukraine".

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