Guerre en Ukraine : "Si quelqu'un t'attaquait, serais-tu capable de le tuer ?", s'interroge une habitante de Kiev
Véra a choisi de rester chez elle avec ses animaux plutôt que de se réfugier dans les stations de métro ou les abris anti-aériens.
"On se demandait, avec une amie : si quelqu'un t'attaquait, serais-tu capable de le tuer ? C'était une discussion terrifiante", témoigne Véra, une habitante de Kiev, en larmes, samedi 26 février au micro de franceinfo, après une troisième "nuit sans sommeil" en Ukraine, bombardée par les missiles russes, et alors que les combats commencent dans la capitale.
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"Je ne suis pas haineuse, vous savez. Je n'aime pas la guerre", précise-t-elle, entre deux sanglots, comme pour nuancer par avance les mots qui vont suivre. Véra se dit "fière" de se "sentir protégée" par les militaires ukrainiens qui combattent les soldats russes, car ils sont "fiers", "en colère" et qu'ils ont des armes. Elle, qui ne voudrait pas avoir à se défendre elle-même, est "fière que [les] combattants [ukrainiens] prennent ça en main, et [qu'elle n'ait] pas à le faire".
Dix minutes avant d'être interviewée par franceinfo, elle a appris qu'un missile venait de tomber sur un immeuble dans le centre de Kiev, juste en face de chez sa tante. Véra connaît les risques, mais elle reste chez elle et ne veut pas se réfugier dans les stations de métro ou les abris anti-aériens.
Hier soir, il y a eu encore une alerte aux bombardements, disant aux gens de se cacher. J'ai pensé : si je vis dans un pays où une bombe peut tomber sur ma maison, alors je ne suis pas sûre de vouloir vivre du tout.
Véra, habitante de Kievfranceinfo
"Peut-être que je suis désensibilisée, peut-être que je suis stupide, mais je veux rester chez moi. J'en ai assez. Je me cache assez", soupire-t-elle, tout en assurant que "vraiment, ce n'est pas du courage, ce n'est pas un choix logique". Elle ne peut pas expliquer.
"La plupart des activités militaires sont dans le centre de Kiev, je ne m'attends pas à ce que qu'une frappe me tombe dessus maintenant. Mais si ça arrive… Je suis chez moi, je bois du café, je mange des œufs, du pain. C'est comme ça que je me garde en vie, sinon [dans les refuges] je vais paniquer et je n'ai pas envie." Elle reste en contacts avec ses proches, elle s'occupe de ses animaux, "ma maison, c'est ma thérapie".
Les conversations avec ses amies reviennent souvent dans la discussion. "J'ai reçu un message d'une amie hier, elle m'a dit : 'Salut Véra, tu sais quoi ? Je suis prête à mourir.' Qu'est-ce que tu fais de ça ? Qu'est-ce que tu fais de ça ?", questionne-t-elle, tout en reconnaissant qu'elle aussi s'y prépare. Tout en étant assez résignée, elle espère que la situation s'améliorera. Elle vit au jour le jour. "Là, je regarde par ma fenêtre. Le ciel est bleu, le soleil rayonne. C'est un bon matin. C'est un matin en colère, c'est toujours un matin effrayant, mais c'est aussi un matin fier."
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