Cet article date de plus de deux ans.

Livraison d'armements français en Ukraine : c'est "important" mais la Russie a "toujours un arsenal immense", rappelle une journaliste ukrainienne

Emmanuel Macron a confirmé mercredi soir l'envoi de "radars, de systèmes et de missiles" pour soutenir les forces ukrainiennes. Tetyana Ogarkova, salue ce "soutien" tout en estimant que Moscou bénéficie d'une "impunité" car l'Ukraine ne s'attaquera jamais au "territoire russe".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des soldats ukrainiens patrouillent à la sortie de Svyatogirsk (Ukraine), le 7 octobre 2022. (ANATOLII STEPANOV / AFP)

Le chef de l'Etat a promis mercredi soir sur France 2 que "des radars, des systèmes et des missiles" anti-aériens en Ukraine, sans préciser quand ils seraient livrés. Emmanuel Macron a également dit réfléchir à l'envoi de six canons Caesar supplémentaires. Ces armements sont "importants", réagit sur franceinfo la journaliste ukrainienne Tetyana Ogarkova, responsable du département international à l'ONG Ukraine Crisis Media Center. Mais elle note que la Russie "dispose toujours d'un arsenal immense" et que son "avantage est toujours là, en termes de missiles".

>>> Guerre en Ukraine : suivez en direct les dernières informations 

franceinfo : Qu'avez-vous pensé des propos d'Emmanuel Macron sur l'Ukraine mercredi soir sur France 2 ?

Tetyana Ogarkova : Cette intervention était importante pour les Ukrainiens. Nous avons prêté une oreille très attentive à cet entretien. On se félicite d'avoir entendu les paroles de soutien et surtout les [choses] pratiques proposées par Emmanuel Macron, notamment les armements, les canons Caesar supplémentaires et les systèmes de défense anti-aérienne.

Tout ceci est très bien. C'était important pour les Ukrainiens que d'entendre que la France soutient le retour de l'Ukraine vers les frontières de 1991, parce qu'il s'agit de la restauration de l'unité territoriale de l'Ukraine, y compris la Crimée.

Tetyana Ogarkova, journaliste ukrainienne

à franceinfo

Bien sûr, il y a cette nuance parce qu'Emmanuel Macron a dit que sans doute, à un moment donné, Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine auront intérêt à décider du sort de ce conflit, pas par la voie militaire mais par des négociations. L'Ukraine serait tout à fait prête à négocier à condition que la Russie quitte le territoire ukrainien. Le problème, c'est qu'on est très peu optimistes de ce côté-là parce qu'on sait très bien, dans la pratique, que ce n'est pas possible.

Est-il encore possible de négocier avec Vladimir Poutine, malgré tous les crimes de guerre commis depuis le mois de mars par la Russie ?

Une décision a été prise par Volodymyr Zelensky il y a quelques jours : il n'y aura pas de négociation avec ce président, mais il y aurait des négociations avec un nouveau président de la Russie. Le président ukrainien a laissé entendre qu'on ne pardonne pas les crimes de guerre commis en Ukraine, la mort de civils, d'enfants, de femmes, les frappes par missiles en masse, donc ce n'est pas négociable. Mais bien sûr, dans la réalité, si c'est pour signer une défaite militaire de la Russie, je pense que tout est négociable. Par contre, on a très peu d'illusions ici en Ukraine sur la possibilité que la Russie accepte de retirer ses troupes et se reconnaisse coupable de cette agression.

Les radars, les missiles, les systèmes de défense anti-aérienne et les six canons Caesar promis par Emmanuel Macron vont-ils suffisamment aider l'armée ukrainienne ?

Il s'agit d'un nombre important d'armements mais la Russie dispose toujours d'un arsenal immense, même s'il s'agit d'armements du 20e siècle, des années 1960 voire 1940. Leur avantage est toujours là en termes de missiles. Leurs missiles peuvent arriver à 2 000 km tandis qu'il est toujours répété par les partenaires occidentaux que l'Ukraine doit se défendre en Ukraine, sans toucher le territoire russe, ça veut dire quand même une certaine impunité de la Russie qui continue à effectuer des frappes dépourvues de sens militaire très loin de la ligne de front. Cette impunité est favorisée par la décision de ne pas toucher la Russie, de ne pas la provoquer.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.