"Mieux vaut partir plutôt que finir enterré en Ukraine", témoigne un Russe arrivé à Paris
Des milliers de Russes continuent de fuir leur pays pour échapper à la mobilisation partielle décrétée par Vladimir Poutine face à la contre-offensive de l'Ukraine. Parmi eux, Roman, 19 ans, arrivé à Paris, après avoir quitté Moscou. Il revient sur son périple pour France Info.
Une mèche brune balaye ses yeux fatigués. Visage d'adolescent, mais gravité d'adulte, Roman a pris la route il y a une semaine, depuis Moscou, en direction de la Norvège. Il témoigne de manière anonyme, son nom a été changé car une partie de sa famille vit toujours en Russie. "Il y avait six heures d’attente pour franchir la frontière. Au moment des contrôles, j’étais très angoissé à l’idée qu’on m’arrête", confie Roman. Comme de plus en plus de jeunes russes en âge de combattre depuis que Vladimir Poutine a ordonné une "mobilisation partielle" , il a préfére quitter son propre pays pour éviter de se retrouver au front, et risquer sa vie en Ukraine. Car cette mobilisation qui ne serait que "partielle", Roman n'y croit pas. Il a ainsi rejoint la France via la Norvège.
Pour duper les douaniers, il a affirmé qu'il partait faire du tourisme, billet de retour à l'appui : "J’ai expliqué aux garde-frontières que je voulais visiter la Norvège, et que j’avais un billet retour vers la Russie, alors ils m’ont laissé passer." Utilisera-t-il un jour ce billet retour ? "Non, jamais", rigole l'intéressé.
"Bien sûr, j’aimerais rentrer en Russie, mais cela n’arrivera pas tant que ce régime sera en place."
Roman, 19 ansFrance Info
À 19 ans, et sans expérience militaire, Roman n'était officiellement pas mobilisable par l'armée russe. Mais, comme il le dit, on ne sait jamais. "On n’a plus confiance dans la parole des autorités. Les règles peuvent changer à tout moment. Donc, il vaut mieux être prudent et partir dès que possible, plutôt que de finir enterré en Ukraine !"
Une fois la frontière norvégienne traversée, Roman rejoint la capitale, Oslo, puis gagne ensuite Paris. Avec son visa de tourisme, il peut rester en France pendant 90 jours. "Les gens qui quittent la Russie, ils aiment leur patrie. C’est simplement qu’ils n’aiment pas le pouvoir actuel. Ce que raconte Poutine, je m’en fiche depuis longtemps !", lâche le jeune homme.
Caméraman de formation, Roman espère désormais trouver un emploi et obtenir un titre de séjour. Comme lui, des milliers de Russes ont déjà quitté leur pays, notamment en passant par la Finlande, qui a comptabilisé autour 7 000 à 8 000 entrées quotidienne ces derniers jours.
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